Conseil communal du 21 janvier 2013 : le développement régional et local au cœur des débats !

Voici la première partie du compte-rendu telle qu'elle est parue dans l'Annonce de Vielsalm du 1er février 2013.

L'essentiel des débats a été consacré aux nouvelles propositions pour le Schéma de Développement Régional (le SDER) émanant du Gouvernement wallon et soumises à la consultation.

Vielsalm et la Province de Luxembourg sont directement concernées notamment par les propositions concernant les zones d'activité économique et les transports en commun.

Prestation de serment de Philippe Gérardy comme membre du Collège communal

Un beau début de séance : Philippe Gérardy, président du CPAS, accueilli par des propos élogieux du bourgmestre, prête serment comme membre du Collège communal, sous les applaudissements des membres du Conseil.

Les attributions scabinales de Philippe sont les suivantes : Agriculture - Forêts et chasse - Aînés et personnes handicapées - Famille. Il présidera également la Commission agricole.

(Philippe Gérardy, entre Roland Englebert et Neele De Corte)

Le Schéma de Développement Régional (le SDER)

Le Schéma de Développement Régional (le SDER) existe depuis 1999. C’est un outil important pour l'aménagement du territoire wallon, un outil qui n’est pas figé et qui oriente notamment les révisions des plans de secteur.

Il sert de référence pour les décisions concernant l'habitat, le cadre de vie, les déplacements, l'implantation des activités économiques, l'urbanisme, la conservation des milieux naturels…

Il est soumis pour l’instant à révision par le Gouvernement wallon, lequel a adopté le 28 juin 2012 de nouvelles propositions d’objectifs.

Le Gouvernement wallon veut apporter des réponses à la question suivante : « Comment un développement territorial équilibré et solidaire peut-il répondre aux besoins de la population et du système productif, aux besoins en mobilité, aux défis de compétitivité et de cohésion sociale, tout en préservant les ressources naturelles, en améliorant le cadre de vie des habitants et en valorisant le patrimoine naturel et bâti ? »

4 ensembles d’objectifs ont été identifiés en lien direct avec six défis majeurs de la Wallonie : la démographie, la cohésion sociale, la compétitivité, la mobilité, l’énergie et l’évolution du climat. :

1. répondre aux besoins des citoyens en logements et en services et développer l’habitat durable ;
2. soutenir une économie créatrice d’emplois en exploitant les atouts de chaque territoire ;
3. développer des transports durables pour un territoire mieux aménagé ;
4. protéger et valoriser les ressources et le patrimoine.

C’est tout cela que le bourgmestre développe dans une note distribuée en début de séance et qui contient également une vingtaine de considérations critiques qui doivent en quelque sorte constituer l’avis de la Commune sur les propositions du Gouvernement.

Ce qui est en cause, ce sont des propositions gouvernementales qui pourraient :

- écarter les communes rurales, en raison d’une densité de population peu élevée, de certaines politiques de redéveloppement économique et de création d’emplois ;
- leur enlever la possibilité de créer des zones d’activité économique en particulier pour y accueillir des entreprises artisanales et des PME ;
- les priver à terme des moyens de transport public dont elles bénéficient aujourd’hui (la ligne 42 étant par exemple, comme l’a relevé également notre commission communale d’aménagement du territoire et de la mobilité, un élément essentiel de mise en œuvre d’un SDER pour une commune comme la nôtre) ;
- concentrer le logement dans des noyaux d’habitat limitant les possibilités de développement des villages ;
- etc., etc.

Et le bourgmestre de souligner également les atouts de notre commune ainsi que l’importance du tourisme et de la culture pour le développement de nos communes rurales et d’en appeler à ce que les ruraux ne soient pas opposés aux urbains…

Christophe Bleret : « Je suis heureux que l’on parle d’aménagement du territoire. Lors d’une réunion à Namur, vous avez dit de votre prédécesseur, Jacques Gennen, que c’était un juriste et non un homme de chiffres.

Je suis heureux que vous, l’homme des chiffres, vous preniez également l’habit de juriste pour évoquer deux instruments juridiques aussi importants que le SDER et le schéma de structure communal. »

Jean Briol : « Je suis un peu rassuré par le contenu de la note que vient de lire le bourgmestre.

Quand j’ai pris connaissance du document du Gouvernement, j’ai eu l’impression qu’on allait être bouffé. Il faut défendre la ruralité. Espérons que notre réaction ne sera pas un coup d’épée dans l’eau ! »

François Rion : « Je suis sidéré ! C'est la première fois qu'une proposition du Gouvernement wallon soulève autant de remarques de la part de la majorité. C'est peut-être dû au fait que cela vient d'un ministre Ecolo.

Je rappelle que ce ne sont que des principes. Les moyens et les outils n'ont pas encore été définis.

Je me pose une question : ce type de remarques ne vient pas de la majorité communale, je sens l'influence colossale d'Idelux sur notre politique provinciale et communale. Est-ce le bourgmestre ou le président d'Idelux qui s’exprime ? »

Le conseiller Ecolo, s’adressant au bourgmestre et à Jean Briol : «  Vous êtes prêts à soutenir n'importe quoi ! Vous dénoncez les noyaux d'habitat alors qu'ils n'ont pas encore été réellement définis.

Quant à la crainte qu'on oppose les ruraux et les urbains, je vous ferai remarquer que le maître mot des propositions du Gouvernement wallon, c'est l'espace. On ne peut pas l'agrandir ! Nous devrons faire avec lorsqu'il y aura un million d'habitants en plus en Wallonie.

On va évidemment appuyer la défense de la ligne 42 comme d'autres lignes, à travers le SDER.

Il est évident qu'en ce qui concerne le transport par chemin de fer, il faut positionner la Wallonie dans l'espace européen et dans ce cadre, notre ligne 42 a toute son importance.

Idelux défend la liberté des entreprises de s’implanter n'importe où, comme au zoning de Burtonville où elles sont mal placées. Il faut revoir cela et rationaliser.

Le ministre attend des remarques et des amendements. Vous êtes vraiment prêts à soutenir n'importe quoi ! Vous n'analysez pas. Vous émettez des critiques avec une facilité déconcertante. »

François Rion poursuit son intervention en rappelant qu’Ecolo a toujours défendu la liaison entre agriculture et filières de production et de transformation.

Il évoque l'implantation anarchique de certaines entreprises dans des zonings comme celui de Werbomont en estimant qu'il n'est pas logique par exemple qu'un bureau d'assurance s'y implante, en dehors de tout centre habité, pour y prendre la place d'une entreprise en bordure de l’autoroute.

Jean Briol : « Je ne partage évidemment pas l'avis de François Rion et je ne suis pas du tout d'accord avec ses propos ! »

Jacques Gennen fait tout d’abord une mise au point concernant l’intervention de Christophe Bleret : « Je dirai d’abord quelques mots à propos du rappel de Christophe Bleret concernant les propos tenus par le Bourgmestre devant la Fondation Rurale de Wallonie lorsqu’il a dit que j’étais un juriste et non un homme de chiffres.

Je mets de tels propos sur le compte d’un certain humour du Bourgmestre.

Je n’oublie pas non plus ce qui a pu être dit et écrit lors de la campagne électorale à propos de ma gestion financière de la Commune.

Je veux me tourner vers l’avenir et vous dire simplement que je suis fier de la manière dont j’ai géré la Commune, même sur le plan financier. »

Jacques Gennen intervient ensuite à propos du SDER : « Concernant le SDER, je suis assez favorable aux propositions formulées par le Bourgmestre.

Je constate que tout ce qui est présenté n’est pas sorti de sa plume. Son texte s’inspire notamment des réflexions d’Idelux. Il suffit de relire l’interview de son directeur général paru dans le Soir la semaine dernière.

Le bourgmestre reprend aussi un certain nombre d’observations émises par l’Union des Villes et Communes de Wallonie sur les propositions du Gouvernement wallon.

Le texte proposé par le Bourgmestre reprend pour l’essentiel cet avis. C’est très intéressant et cela me rassure, nous collons à l’avis d’une instance d’avis qui compte !

La critique de F. Rion est un peu exagérée. En réalité, il n’y a pas deux visions opposées : la ruralité d’une part et le monde urbain d’autre part. Il y a un point d’équilibre à trouver.

Le Gouvernement veut localiser les activités économiques à proximité des zones densément  peuplées. Mais nous devons aussi pouvoir accueillir des entreprises dans les zones rurales moins peuplées !

Que ce soit au niveau fédéral ou régional, on est en train de redéfinir des axes de développement qui tiennent compte de la diminution des richesses et des moyens des pouvoirs publics. Il faut bien constater que ces axes ne sont pas favorables aux zones rurales.

On peut lire notamment dans les propositions du Gouvernement qu’il faut développer les transports collectifs en assurant une desserte performante des agglomérations et le développement d’alternatives en milieu rural.

Qu’on nous garde notre ligne 42 et qu’on ne nous parle pas d’alternatives ! Qu’on maintienne nos services publics! A la lecture du projet, oui, il y a de quoi avoir peur !

L’avis de l’UVCW dénonce l’utilisation de notions un peu vagues dans les propositions du gouvernement. L’UVCW invite également le Gouvernement wallon à définir des bassins de vie au départ des communes elles-mêmes en tenant compte de leurs particularités et de leur histoire. Il n’est pas possible de tendre vers une uniformisation des communes, surtout rurales.

Si on ne muscle pas notre réaction, on peut craindre d’être les dindons de la farce !

Je redis donc qu’il y a un point d’équilibre à trouver et que les propositions du bourgmestre valent la peine d’être retenues.

Si d’autres communes, Idelux et le Conseil provincial défendent les mêmes perspectives de développement pour nos communes rurales, on va dans le bon. »

(La ligne 42 Liège-Vielsalm-Gouvy-Luxembourg est un élément essentiel du développement régional et local...)

François  Rion réagit à l’intervention de Jean Briol : « Je maintiens que ce qui nous est proposé par le bourgmestre, c’est un peu n’importe quoi. »

Il rappelle à Jacques Gennen que les propositions gouvernementales évoquent la possibilité d’alternatives concernant les transports en commun et prend comme exemple le proxibus, une formule qui n’est guère satisfaisante et pour laquelle il faut trouver une  alternative adéquate.

Jacques Gennen : « Précisément, on va vers la suppression de certains transports publics en zone rurale et ce sont les communes qui devront trouver une alternative. C'est ça qui ne va pas.

Les communes devront encore supporter de nouvelles charges à cause de décisions prises au niveau fédéral et au niveau régional ! »

Christophe Bleret : « On pourrait mettre à l'ordre du jour du prochain conseil communal le plan de mobilité. Ce que François Rion a dit n'est pas faux mais ce que Jacques Gennen a dit n'est pas faux non plus ! »

François Rion : « Je veux rassurer Jacques Gennen et lui rappeler qu’Ecolo est évidemment bien d'accord de ne pas charger encore la barque des communes. »

Elie Deblire s'adresse à François Rion : « Je ne me suis pas limité à des textes venant d'Idelux pour construire un avis.

Comme Jacques Gennen l’a souligné, mon texte est également inspiré de l’avis de Union des Villes et Communes de Wallonie qui souligne dans ses conclusions que « le grand absent du SDER, c'est la ruralité. »

Mes propositions sont aussi inspirées de Réseaulux et de la Province de Luxembourg ainsi que de débats auxquels j’ai participé avec d'autres mandataires à Marche et à Arlon notamment.

Je rappelle que les propositions du Gouvernement wallon ont également soulevé une levée de boucliers de la part de mandataires des provinces du Brabant wallon, de Namur et du Luxembourg. 

Nous devons aussi mettre en avant les demandes salmiennes. Il nous faut pouvoir répondre aux besoins de nos petites entreprises et de nos artisans. C'est pour eux qu'il faut garder la possibilité d'avoir de petites zones d'activité d'une dizaine d'hectares par exemple. »

Elie Deblire rappelle que les membres de la Commission communale d'aménagement du territoire et de la mobilité où tous les partis sont représentés, ont remis un avis critique unanime à propos des propositions gouvernementales et il s'en est inspiré aussi pour l’avis qu'il propose aux conseillers.

Elie Deblire s'adresse encore à François Rion : « Ton discours ne cadre pas avec le discours de tes amis qui font partie de la Commission communale d’aménagement du territoire et du logement et  de l’Union des Villes et Communes de Wallonie !

On ne comprend pas que le gouvernement wallon puisse s’engager dans une vision qui fait si peu de place à la ruralité.

2 % du territoire de la province de Luxembourg seulement sont consacrés aux zones d'activité économique. Si on en avait 4 % demain, il n'y aurait pas de souci pour les milieux agricoles et forestiers ! »

Elie Deblire déclare encore à l'adresse de François Rion qu'il ne se permettrait pas de dire à un autre conseiller qu'il dit n'importe quoi.

François Rion : « Ce n'était pas seulement pour Jean ! »

Elie Deblire : « Que ce soit pour Jean ou à mon propos, ce n'est pas acceptable ! » 

François Rion : « Est-ce que je me fais si mal comprendre lorsque continuellement  je plaide ici pour qu'on mette en oeuvre le plus rapidement possible les zones d'habitat ?

Je suis sidéré par l'hypocrisie de certaines réflexions. Je ne suis pas prêt d'oublier qu’Idelux a refusé au début des années 2000 de mettre en oeuvre la zone d'Hébronval et personne n'a réagi ! Et on viendrait me faire le reproche de ne pas me soucier du développement économique ! »

Elie Deblire : « Tu t'es exprimé dans des termes qui ne sont pas adaptés à nos débats. Je n'ai jamais dit que tu ne défendais pas le développement économique.

Pour ma part, je pense avoir contribué beaucoup à l'installation de petites entreprises sur la zone d'activité économique d'Hébronval ! »

On en reste là et au vote la majorité ainsi qu’Antoine Becker et Christophe Bleret approuvent l’avis proposé en séance par Elie Deblire. C'est non pour François Rion et Catherine Désert.

La suite au prochain numéro !

Jacques Gennen