« Je te raconte mon village, Petit-Thier »

Nous étions nombreux à nous retrouver le dimanche 15 janvier 2012 à la salle Petit-Thier 2000 pour assister à la présentation officielle du recueil de souvenirs des aînés de Petit-Thier, un recueil réalisé par Bernadette Crahay et Monique Lignoul.

Quel plaisir et quelle émotion que cette plongée au coeur de la vie d'un village et de ses habitants !

Ce livre a été réalisé dans le cadre de l'appel à projets « Générations rurales » lancé par Benoît Lutgen lorsqu'il était ministre.

Pêle-mêle, on y trouve de beaux témoignages d'anciens du village et d’émouvantes tranches de vie et d'histoire, le tout illustré par des photos d'hier et d'aujourd'hui.

Ainsi, on découvre au fil des pages les témoignages et récits de René Remacle, Jacqueline Graff et Astrid Jacquemotte, Georges Noël, Marie-Rose Bruyère, Hélène Toubon, Palmyre Dantine, Roger Renquin, Bruno et Léon Remacle, André Graff, Marcel Bruyère et Georges Lignoul.

Comme l’a souligné Jean-Claude Noël dans son discours d'accueil, ce n'est pas seulement l'ancrage dans la vie d'un village qui crée le sentiment d'appartenance, c'est aussi l'immersion dans la mémoire des jours anciens transmise directement par nos aînés.

Surprise ! On y découvre de beaux textes écrits en français mais aussi en wallon de Petit-Thier !

(Jean-Claude Noêl, Bernadette Crahay, Isabelle Bruyère (photographe), Monique Lignoul, François Noël (photographe) et Simon Bomboir (graphiste et infographiste))

On sent chez Bernadette et Monique beaucoup de tendresse pour leurs aînés, des « magneûs d’flon èt d’bonbons »  que « Je te raconte mon village »  enlève à une vie discrète et de labeur pour les projeter dans la lumière d'une belle oeuvre de mémoire.

Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer les quelques lignes en wallon (de Petit-Thier !) qui suivent.

« Tant deu candjemints, so si pô d’timps finâl’mint !

Duvant, lès djins d’manint â viyèdje, tos-èssonle. On saveût s’êdi. « Nos-ôtes, on mèteût minme sovint dès hâres qu lès vwèzins nos-avint d’né. »

Et encore :

« On n’aveût nin bincôp d’sous po s’amûzer, on l’wârdeût po magni. Lès rârès sôrties, c’èsteût l’Fiesse, lès pièces deu tèyâte, leu fotbal èt lès bals o l’sâle do P’tit-Tchèr.

Lès dijns deumanint o l’manhon, lès parints vikint avou leûs-èfants pwis i morint, o leû viyèdje.
Leu monde candje, lès façons d’pinser ossu. Leu façon d’viker, deu s’seugnî, tot candje. I-gn-a todi pus’deu djins qui fièstichèt leûs cint-ans : « On-z-î ariv’rèt motwè… » nos d’hèt Léon èt Bruno Remacle, zèls qu’ont « crèchou à l’fwèce do pougnèt ».

Èt pwis, on-z-èst là…, c’èst qu’on n’a nin avou si mâva qu’çoula ! »…

Oui, c’est toute une philosophie de vie qui transparaît dans ces lignes !

(Bernadette Crahay et Monique Lignoul ont le sourire et on les comprend! )

« Il ne retrace pas l'histoire telle que les étudiants la découvrent dans leurs livres d'histoire. Non, bien mieux, il relate le vécu des familles, des valeurs parfois disparues, la vie quotidienne des villageois. Il témoigne d'une évolution inéluctable. Il nous permet surtout de comprendre, de nous émouvoir…  Il nous permet de nous enraciner encore un peu mieux… Et ainsi de poursuivre, de continuer… » (comme l’a souligné le Bourgmestre dans son intervention).

Je laisse le mot de la fin à Jean-Claude Noël : « A Petit-Thier, il n'y a plus de commerce, plus de café. Les écoles survivent grâce à la présence d'enfants venus des villages voisins, la chapelle d'hiver suffirait le plus souvent à accueillir les paroissiens, la kermesse n'est plus depuis longtemps l'événement attendu.

Nous devons nous battre pour conserver une vie sociale au village. Le club des jeunes, les clubs sportifs, le grand feu, la salle. Enlevons-les, il reste une cité-dortoir où nous dormirons… Maintenons-les et les plus jeunes sauront, eux aussi, « qu'ils sont de… »

Car « ... que l'on soit de Petit-Thier, de Grand-Halleux ou de New York, l'important est "d'être de" et de pouvoir y trouver sens, dans le temps et dans l'espace."

(Petit-Thier sous les couleurs de l'automne)

Un livre à lire et à relire. Nul doute qu’il sera, notamment pour les institutrices des écoles de Petit-Thier, un précieux outil pédagogique…

Je vous invite à découvrir dans la galerie photos de ce site quelques photos de Bonbons prises le 15 janvier 2012.

Jacques Gennen, 2 février 2012