De l’armistice du 11 novembre aux tueries de Paris !

Photo Bernard Lorquet

(Photo Bernard Lorquet)

Que de sentiments mélangés, ces jours-ci !

Comme tant d’autres, c’est la gorge nouée et les larmes aux yeux que j’ai vu ou revu ce dimanche soir les images d’une soirée d’horreur à Paris et les visages de tant de jeunes victimes des commandos de Daech.

Émotion aussi devant les manifestations individuelles ou collectives de compassion et de solidarité envers les victimes et leurs proches.

Révolte à la pensée que cet État islamique est le fruit d’interventions calamiteuses du monde occidental au Moyen-Orient depuis 2003 (pour ne pas remonter trop loin…) et du soutien de Bachar El Assad et d’autres dictatures arabes.

Révolte évidemment devant la complaisance du monde occidental envers ces dictatures et pays complices de Daech, une complaisance souvent dictée par les intérêts économiques du grand capital.

Révolte aussi devant les réactions de l’extrême droite – mais pas seulement, hélas – pratiquant l’amalgame entre ces combattants de l’État islamique et des citoyens belges ou français de religion musulmane et remettant en cause notre devoir d’accueil des demandeurs d’asile.

Crainte enfin – même si la priorité est de protéger nos concitoyens contre de tels actes terroristes et s’il nous faut éviter tout angélisme – de voir se développer certaines mesures de sécurité publique remettant en cause des droits fondamentaux sans résultat probant sur les causes et l’origine de ces actes terroristes.

« La haine qu’il s’agit de combattre, c’est celle que les agresseurs veulent incruster en nous. Ce sont nos ennemis. Il faut donc les empêcher d’atteindre leurs objectifs. Ce qu’ils veulent, c’est nous diviser. Ils veulent obtenir un clivage entre les musulmans et le reste de la société. Il faut dire avec force : l’islam n’a rien à voir avec ça. Notre premier devoir est un devoir d’amour pour nos compatriotes. Tous. » (Jean-Luc Mélenchon)

Les commémorations de l'armistice du 11 novembre ont été l’occasion, à Vielsalm comme ailleurs, d’évoquer aussi les guerres d’aujourd’hui et leurs victimes.

 « Bientôt un siècle pour la fin de la terrible Grande Guerre, septante ans pour la Seconde Guerre mondiale qui ne fut pas moins ravageuse. Redire et redire encore, à l’endroit des jeunes générations bien sûr, mais aussi à chacun d’entre nous, à la mémoire parfois sélective, les atrocités, les souffrances, la terreur, les peines, les deuils, les tristesses, les vies ravagées qui ont touché au plus profond les humains jusqu’aux plus petits de nos villages. Redire et redire encore les sacrifices, le courage, parfois jusqu’au sublime, de tous ceux et de toutes celles qui ont été impliqués dans ces conflits.

Pour nous assurer, à nous tous qui n’avons pas 70 ans, une longue période de paix, dans un Pays, malgré ses soubresauts et ses imperfections, démocratique. Et dans lequel les libertés fondamentales sont globalement garanties. « C’est déjà ça », chanterait Alain Souchon, que je vous invite à réécouter…Et c’est précieux, et c’est essentiel…

Est-il cependant déplacé de se poser la question de la possibilité, pour chacune et chacun, ici, chez nous, de vivre à un niveau égal de dignité ? N’est-ce pas l’occasion de réfléchir aussi à tous ceux et toutes celles qui, ailleurs, ne peuvent bénéficier de l’incarnation effective de toutes les valeurs qui nous tiennent particulièrement à cœur ?  Et que nous célébrons en quelque sorte aujourd’hui. 

Au moment où des centaines de milliers de personnes se retrouvent à nouveau sur les routes pour échapper à la barbarie, la réponse, me semble-t-il, ne peut être que positive… Et l’action devrait pouvoir, logiquement, suivre la réflexion…

(Sensibiliser notre jeunesse, lui apprendre comment va le monde, aiguiser son esprit critique, l'ouvrir aux autres et à la tolérance. Les événements de ces derniers jours en donnent encore l'occasion aux enseignants en particulier...) 

Il est souvent bon de frotter ses idéaux au réel…Au sortir des conflits qui nous ont frappés, devant l’horreur dont les hommes sont toujours capables et pour tenter d’assurer un « plus jamais ça » était adoptée le 10 décembre 1948, la Déclaration universelle des Droits de l’homme. Qu’il me soit permis d’en rappeler un considérant et deux articles qui en disent assez…

" Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme. 

 Article 13

1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un État. 

2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.

Article 14

1. Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays.

(...) "

Si chacune et chacun pouvaient aujourd’hui rentrer en son foyer en méditant ces grandes questions, cette cérémonie ne serait pas vaine et la journée serait bonne ! »

C’est en ces termes que le premier échevin Joseph Remacle s’est exprimé devant le monument aux morts de Goronne.

Jacques Gennen, 15 décembre 2015