Il y a 30 ans, Luc Maquoi se lançait dans l’aventure du secours médicalisé

L’Avenir du Luxembourg, sous la belle plume de Jean-Michel Bodelet, a consacré deux pleines pages de son édition du 16 septembre 2016 au docteur Luc Maquoi et à la création de son service de secours médicalisé en 1986.

Quelle bonne idée d’avoir publié cet article !

En 1986, avec l’aide de quelques amis et de son épouse (son assistante aussi dans l’ambulance et puis sur l’hélico), le docteur Maquoi créait à Bra-sur-Lienne, au centre d’une zone mal desservie en aide médicale urgente, un service de secours médicalisé sous la forme d’une ASBL devenue bien des années plus tard le CMH, le Centre de Secours Médicalisé de Bra-sur-Lienne.

C’est au début des années 90 que Luc Maquoi a commencé à étudier la création d’un service médical d’urgence héliporté. 

Je me souviens encore de notre rencontre à l’hôtel de ville lorsqu’il m’a informé de son projet. On peut dire qu’il m’a fameusement bousculé ! J’étais d’autant plus soufflé que, fin des années 80, un projet de ce genre - beaucoup plus modeste - défendu par quelques urgentistes et moi-même lorsque j’étais conseiller au cabinet du ministre Philippe Busquin, avait été balayé sans ménagement. Ce n’était pas l’heure… 

Luc Maquoi a su convaincre des représentants communaux dont ceux de Vielsalm de s’engager pour l’octroi d’un subside annuel et la constitution d’un fonds de roulement. 

Le premier hélico "Spirit of Saint-Luc" arrivé en septembre 1997 est un gros Sikorsky S76. Il sera remplacé par la suite par un Dauphin N2. L’actuel hélico est un EC 145 C2 fourni ainsi que ses 5 pilotes par la firme ostendaise NHV (Noordzee Helikopters Vlaanderen) dans le cadre d’un contrat de location avec le CMH.

C’est avec le Sikorsky que le docteur Maquoi viendra me chercher à Vielsalm quelques semaines après l’arrivée de l’hélico à Bra-sur-Lienne. Une intervention efficace et vitale : victime d’un premier infarctus, je suis transporté rapidement au CHU. À peine sorti de l’hélico, un second et violent infarctus survient… quelques minutes avant l’intervention du docteur Legrand ! Il était moins une! 

Des milliers d’autres accidentés ou malades ont bénéficié de l’intervention de l’ASBL créée par le docteur Maquoi.

La fin des années 90 et le début des années 2000 ont été bien difficiles pour le docteur Maquoi, sa famille et les responsables de l’ASBL. 

Qui dira les réunions décourageantes dans les cabinets ministériels, les difficultés financières du début des années 2000, les âpres négociations avec les représentants de la firme propriétaire du Sikorsky, la course d’obstacles en vue d’une intégration du CMH dans la chaîne de l’aide médicale urgente, les moments de découragement devant le peu d’intérêt – sinon le dédain - affiché pendant les premières années par certains responsables d’hôpitaux ou de l’administration pour ce remarquable outil de santé publique ?

Un parcours du combattant qui a eu raison de la santé de Luc Maquoi…

Je garde le souvenir des multiples réunions « de la dernière chance » du comité de gestion de l’époque chez le président Louis de Spirlet avec Philippe Miermans et l’urgentiste Jean Micheels et je n’oublie pas, lors de la maladie et de la disparition de Luc, le soutien décisif du professeur Maurice Lamy, chef du service d’anesthésie-réanimation du CHU grâce à qui des médecins terminant leur spécialisation dans ce service ont pu intervenir sur l’hélico.

(Luc Maquoi a été fait citoyen d'honneur de la Commune de Vielsalm en avril 2000. Photo Charles legros)

Aujourd’hui, plus personne ne conteste la nécessité d’un tel service mais l’ASBL se bat toujours pour une reconnaissance définitive. Ce n’est que grâce à certains soutiens communaux, provinciaux et privés et grâce aussi aux importantes recettes de la carte d’affiliation (une idée de Luc Maquoi) qu’elle peut encore assurer aujourd’hui sa belle mission de service public.

Une carte d'affiliation vitale!

Si la carte d’affiliation permet de bénéficier de la gratuité du transport héliporté, elle exprime aussi une action de solidarité et de soutien indispensable à la viabilité d'un service précieux pour la population. Son coût annuel est de 30 euros pour une carte individuelle et de 47 euros pour la carte familiale.

Le CMH s’est transformé au fil des années en une structure professionnelle au top qui tourne grâce à une solide équipe : trois administratifs à temps plein, 14 médecins et neuf infirmiers, tous indépendants, qui se relaient pour assurer des gardes 24 heures sur 24. Sans oublier les cinq pilotes, les cinq bénévoles réguliers, les administrateurs et membres du comité de direction. 

(De gauche à droite, l'équipage de l'hélico, Frédéric Nizet (infirmier), François Grinberg (pilote), Sander Maes (médecin) aux côtés de Philippe Miermans et de Jean Maquoi et son épouse, lors de la fête à l'hélico 2016 à Tohogne. Une fête qui attire toujours la grande foule et qui s'est clôturée cette année par un bénéfice de 18.500 euros pour le CMH!  Pour rappel, quel que soit leur montant, les dons sont toujours les bienvenus à Bra-sur-Lienne. Et déductibles fiscalement si leur montant est d'au moins 40 euros)

Après de longues années de présidence au cours desquelles il a mis sa connaissance du monde bancaire et ses qualités de gestionnaire au service de l’ASBL, Louis de Spirlet a démissionné pour raisons de santé et est remplacé par Raymond Maréchal. Philippe Miermans, un compagnon de route de Luc Maquoi de la première heure est l’administrateur délégué du CMH tandis qu’Olivier Pirotte, infirmier spécialisé en aide médicale urgente est le gestionnaire opérationnel de la base de Bra. Le médecin spécialiste Didier Moens est en le responsable médical.

Pour en savoir plus sur l’ASBL, sur son budget (plus de trois millions d’euros par an) et sur ses interventions (plus de 1000 par an !), vous pouvez lire ou relire les articles publiés sur salm.be mais aussi parcourir les sites de l’ASBL  www.centremedicalheliporte.be et  http://www.lurgencecestvous.be/. 

Jacques Gennen, 29 septembre 2016

 

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