Balade dans le Grand Bois et dans les jardins du Roi de Rome

Il y a quelques jours, Jacques Rondeux m'a emmené dans le Grand Bois à la découverte des jardins du Roi de Rome. 

Comme me l'a rappelé Jacques au cours de notre promenade, la forêt domaniale du Grand Bois située sur les hauteurs de Vielsalm, couvre plus de 1.600 hectares. Cette forêt, que l’on peut qualifier d’expérimentale, est un haut lieu des richesses forestières du pays.

A l'initiative de l'ingénieur Georges Turner, on y a patiemment étudié et mis au point des techniques de transformation des futaies monospécifiques d'épicéas en futaies mélangées d'âges multiples où se côtoient aujourd'hui des semis naturels et des sujets adultes comme l'épicéa, le tsuga, le douglas, le sapin pectiné et le hêtre.

Le Grand Bois abrite également un arboretum créé en 1902. Il comporte des spécimens majestueux, en particulier des espèces résineuses de la Côte pacifique de l'Amérique du Nord.

La zone d'accueil de "So Bechefa" et ses abris pour barbecue ainsi que des promenades balisées sillonnant plusieurs dizaines d'hectares permettent aux touristes et aux amoureux de la nature de se récréer au contact de la forêt multifonctionnelle de demain alliant production de bois, réservoir de biodiversité et ouverture au public.  

Se balader dans le Grand Bois avec Jacques Rondeux est un privilège. Jacques y a passé son enfance dans une maison forestière située au coeur de la forêt. Son père et son grand-père y ont été brigadiers forestiers. Un des beaux chemins qui jouxte l'arboretum s'appelle même Chemin Les brigadiers Rondeux. Il figure comme tel sur les cartes IGN actuelles.  

Rien d'étonnant donc si Jacques est devenu un spécialiste de la forêt, professeur d'université et, de 1992 à 2000, vice-recteur de la Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux (ULg-Gembloux Agro-Bio Tech). Il est aujourd'hui retraité, mais met toujours son expertise au service de diverses autorités publiques ainsi que des gestionnaires de propriétés forestières.

 

"Pose tes mains, ta bouche, ton front / Contre l’écorce de l’arbre / et ferme les yeux. / L’esprit de l’arbre te donnera sa force / et te fera partager ses rêves." (Jean-Paul Bourre)

J'en reviens à présent aux jardins du Roi de Rome. Voici les explications que m'a données Jacques s'inspirant des archives de son père: 

"En 1811, au Palais des Tuileries, à Paris, naissait Napoléon-François-Charles-Joseph Bonaparte, fils de Napoléon 1er et de Marie-Louise d'Autriche.

Proclamé Roi de Rome lors de sa naissance et reconnu Empereur sous le nom de Napoléon II par les Chambres lors de la seconde abdication de son père, il vécut au château de Schönbrunn, auprès de son aïeul, l’empereur François II d’Autriche, sous le nom de « Duc de Reichstadt ».

Lorsque naquit Napoléon II, chaque ministère français voulut célébrer l’événement de façon originale et dans le Grand Bois de Vielsalm, alors sous domination napoléonienne, les agents des « Eaux et  Forêts » de ce temps-là plantèrent des épicéas sur une quinzaine d’hectares.

Ce « parterre » fut appelé « Jardins du Roi de Rome » et quelques spécimens ayant résisté à l'épreuve du temps sont encore visibles aujourd’hui. Fait remarquable, ils sont parmi les tout premiers à avoir été introduits au sein d’un territoire qui allait faire partie de la Belgique une quinzaine d’années plus tard. Depuis leur plantation, cinq générations ont vu le jour." 

Des jardins dont l'histoire et la beauté mériteraient incontestablement d'être mises en valeur, selon Jacques. Un beau projet...

Jacques Gennen, 17 février 2016

http://reflexions.ulg.ac.be/cms/c_37675/jacques-rondeux-la-foret-a-un-cruel-besoin-d-arbitres