Des guichets fermés dans les gares...

Le samedi 13 février 2021, des mandataires et militants du PS accompagnés de syndicalistes, ont fait – à l’initiative de Mélissa Hanus, députée fédérale - le tour des gares de Virton, Marbehan, Bertrix, Gouvy, bientôt privées de guichets.

Au total, 44 gares verront leurs guichets supprimés et d’autres, les heures d’ouverture de leurs guichets réduites, à la suite d’une mesure prise par le conseil d’administration de la SNCB et avalisée par le ministre écolo de la mobilité Georges Gilkinet, en vue d’économies réalisées « pour lancer d’autres projets ». Des automates ou distributeurs automatiques occuperont seuls le terrain...

(Offrir des roses au guichetier de Gouvy, une initiative originale à la veille de la Saint-Valentin, avec la participation de la conseillère salmienne Stéphanie Heyden, du député provincial Stephan De Mul, du permanent syndical CGSP Maurice Mabille, du secrétaire fédéral PS Mathieu Neerinck, du syndicaliste et représentant des Amis du Rail, Michaël Jacqmain et de votre serviteur)

Friture sur la ligne entre Gilkinet et la SNCB 

On connaît la suite : devant le tollé provoqué par ces mesures, le ministre, après avoir essayé maladroitement de se justifier – il aurait même menti, disent certains – a invité la SNCB à revoir sa copie, au grand dam de la présidente du conseil d’administration de la SNCB.

Ensuite, rabibochage entre les deux sur une formule hybride et limitée du maintien des guichets avec participation des communes au coût de l’opération, sans doute.

Bien recadré dans cette affaire, Georges Gilkinet a même demandé à la SNCB de garantir aux voyageurs un accès à une salle d’attente couverte et chauffée dans les gares concernées, une heure avant le premier train et une heure après le dernier train. Un vœu pieux… 

Georges Gilkinet : « Tout autant que l’amplitude et la fréquence des trains, l’accueil est crucial pour rendre les trains attrayants et accessibles pour tou.tes. C’est la raison pour laquelle nous travaillons à améliorer l’accessibilité des gares et points d’arrêt. Dans la même logique, il est important que les gares restent des lieux de vie et de rencontres. Nous ne pouvons laisser personne à quai. Les personnes plus âgées ou plus fragiles doivent aussi pouvoir prendre le train facilement pour se déplacer librement. » On croit rêver...

Une motion adoptée par plusieurs conseils communaux…

Divers conseils communaux ont adopté une motion demandant le maintien du personnel dans les gares et défendant le rail pour les motifs suivants : 

- les transports en commun, et en particulier le rail, sont des instruments indispensables pour atteindre les objectifs climatiques que la Belgique s’est fixés ; 

 - il revient au gouvernement fédéral de donner tous les moyens à la SNCB pour assurer l’attractivité du rail et garantir le confort et la sécurité des passagers ; 

 - les gares représentent un point d’accueil et un maillon essentiel pour favoriser l’usage des transports ferroviaires et elles doivent être aussi un lieu d’accueil vivant et sécurisé pour les usagers ; 

- une présence humaine dans les gares contribue à la convivialité, à la qualité des services offerts et aussi à la sécurité et au sentiment de sécurité ;

- il y va de l'accessibilité et de l’attractivité des quartiers périphériques et des zones rurales et de l’accès à un service public de qualité pour toutes et tous..

Et ces conseils communaux s’engagent à adopter une convention avec la SNCB pour développer un modèle de gare vivante et moderne.

Une convention… avec quel coût pour les communes ?

Les pouvoirs locaux n’ont-ils pas déjà assez donné pour compenser les restructurations et suppressions de services publics de proximité dont on se lasserait bien de dresser la liste ? Les pouvoirs locaux ont pris en charge la réhabilitation de casernes abandonnées, l’achat au prix fort de bâtiments désertés, l’engagement de travailleurs, la création de nouveaux services, etc., etc. 

(Une présence humaine dans les gares ? la réponse est dans cette photo postée par le député et ancien ministre Philippe Courard lui aussi remonté contre cette décision de la SNCB !)

La digitalisation nous envahit au détriment des plus fragiles

La digitalisation est certes utile dans nombre de cas mais elle nous envahit de plus en plus et remplace trop souvent le contact humain, mais avec quelle accessibilité pour les publics les plus fragiles ? On pense notamment aux critiques bien légitimes de l’ASBL Lire et Ecrire.

Qui plus est, les billets seront plus chers s’ils sont délivrés au guichet (quand il existe encore) ou par un distributeur automatique (encore une décision qui ne tient pas compte de la fracture numérique !).

Des guichets déjà supprimés à Vielsalm malgré les motions, mais dans une gare pas tout à fait fermée heureusement…

Après la fermeture des guichets, ce sont deux lève-tôt, Christine Lignoul et Marc Jeusette, amateurs de balades très matinales autour du lac des Doyards, qui se sont chargés d’ouvrir la salle des pas perdus vers 6h et de la fermer en fin d’après-midi. Par temps froid, ils laissaient la salle ouverte pendant la nuit.

Une prestation bénévole qui s’est par la suite contractualisée depuis l’installation dans une partie de la gare du snack-sandwicherie Gare aux petits déjeuners géré par Christine Lignoul.

(Une photo qui date un peu... Depuis quelque temps, un snack-sandwicherie s'est installé dans le local administratif et, par beau temps avant la crise sanitaire, une belle petite terrasse agrémentait les lieux.) 

Un combat politique vieux de plusieurs dizaines d’années…

Et qui n’est pas encore terminé, un combat auquel j’ai participé longtemps comme mandataire communal, bourgmestre ou député wallon aux côtés de mandataires politiques de tous bords des communes traversées par la ligne 42 et des organisations syndicales soutenues par de nombreux navetteurs. 

C’est ce combat et cette solidarité qui ont permis de sauver la ligne 42, avec l’appui des partenaires grand-ducaux !!! 

Jacques Gennen, 7 mars 2021

Un petit rappel: https://www.salmiens.be/un-train-par-heure-sur-la-ligne-42-mais-le-combat-continue.

Sur la vidéo ci-dessous, Mélissa Hanus interpelle le ministre Gilkinet.