Conseil communal du 14 décembre 2020 (3e partie)

Jérôme Derochette et Jacques Gennen

Cette troisième et dernière partie du compte rendu de la longue séance du conseil communal du 14 décembre 2020 est essentiellement consacrée aux débats sur le projet éolien entre Mont-le-Soie et Petit-Thier et sur les ordres du jour des assemblées générales d'intercommmunales dont fait partie notre commune.

C'est le dernier compte rendu publié dans l'Annonce de Vielsalm dont c'est l'ultime parution. J'en parle dans mon éditorial. J.G.

Parc éolien : un dossier qui divise !

Vous le savez dans doute, si vous suivez notamment le compte rendu des conseils communaux, l’implantation d’un parc éolien sur les hauteurs de Mont-le-Soie fait l’objet d’une réflexion et de controverses.

Le collège invite le conseil communal à décider « du principe de concéder un droit de superficie sur des parcelles communales situées dans la division cadastrale VIELSALM 3e Division proches de Mont-le-Soie en vue d’y installer des éoliennes ».

Le bourgmestre prend la parole : « Il s’agit évidemment d’un dossier important et, on le sait, d’un délicat projet. Une réunion d’information a eu lieu. Le raisonnement du Collège, c’est toujours, quand on a un intérêt pour une zone, de réunir la population en dehors du cadre légal pour faire participer les citoyens à la réflexion. 

Une société a présenté son projet et il y avait des représentants de Courant d’Air et de l’APERe (Association pour la Promotion des Énergies Renouvelables) pour défendre les principes de projets éoliens. 

La réflexion au niveau du Collège, c’est de se dire que malgré les propositions, il y a eu quelques projets qui ont avorté sur le territoire communal. Ici, nous avons un nouveau projet et nous nous disons qu’on doit s’inscrire dans le cadre du développement durable, avancer vers l’énergie verte ; on doit donc ensemble tenter de contribuer à ça. Évidemment, certains nous disent qu’on choisit un endroit qui n’est pas adéquat, qu’on va sacrifier une partie de la forêt communale, mais il n’y plus d’autres sites et nous avons envie d’avancer avec les sociétés qui nous ont approchés – il y en a au moins deux. 

On vous propose de fixer un rendez-vous décisif. Quand la RIP (la réunion d’information préalable), la séance officielle, aura été organisée et que le rapport d’incidence sera en notre possession, ensemble, on remettra le point à l’ordre du jour pour mesurer les impacts d’un projet. 

Aujourd’hui, on n’a pas tous ces éléments pour dire « c’est très bien », « c’est moins bien » ou « ce n’est pas bien du tout ». On a envie d’avancer et de se donner la chance d’avoir un projet éolien. Si ce n’est pas maintenant, on n’aura jamais une autre occasion. 

Certains vont dire qu’on peut vivre avec. Nous aussi évidemment. Mais est-ce responsable ? En plus, il y a des projets éoliens dans d’autres communes, comme Trois-Ponts et Saint-Vith, mais aussi à proximité de nos terrains communaux, dans des propriétés privées ou publiques d’ailleurs. Autant donc que ce soit sur des terrains communaux pour en faire profiter la population. 

On est bien conscient que c’est un dossier difficile pour vous, comme pour nous. Il ne va pas être clos aujourd’hui. On en reparlera car il y aura demain un rapport d’incidences si toutefois des entreprises sont toujours intéressées car on sait qu’il y a déjà des négociations autour de nos terrains et qu’on arrive peut-être déjà trop tard, mais bon, tant pis si nous sommes trop tard. Croyons tout de même à notre chance, mais de toute façon si, demain, ça ne nous satisfait pas, on peut encore faire marcher arrière. » 

Thibault Willem ajoute : « Il y a aussi la volonté d’une participation citoyenne avec Courant d’Air qui est impliqué depuis le début dans le projet. Les retombées pourraient être aussi directes par rapport aux personnes qui voudraient s’investir avec la société Courant d’Air. »

Élie Deblire : « Il est clair qu’un projet sans participation citoyenne n’est pas envisageable. »

La présentation du dossier suscite bien entendu des réactions…

Anne Wanet : « Comme je l’avais déjà dit, je reste contre les projets en forêt. J’aimerais expliquer ma position à travers quelques points. D’abord, ça va diminuer la naturalité de nos forêts.

On voit particulièrement en ces temps de crise que la nature est quelque chose que les gens recherchent et ce massif forestier,  c’est vraiment un des plus grands qu’on va morceler. Le site n’est pas bien choisi. Ça diminue également l’espace de vie et la quiétude des animaux forestiers durant les travaux qui vont durer plusieurs mois, mais aussi durant les entretiens. 

L’implantation d’éoliennes dans la forêt participe au morcellement de la forêt pour des espèces sensibles aux perturbations humaines. Certaines grandes espèces, comme les rapaces ou les cigognes, vont abandonner certaines zones, sur certains périmètres autour des éoliennes, pour nicher plus loin et vont donc entrer en compétition avec d’autres congénères déjà installés là. Ça va perturber certaines espèces rares car il y a des oiseaux qui font partie des annexes de Natura 2000. Pour les chauves-souris, c’est aussi extrêmement mauvais. 

De plus, cela va diminuer la superficie de la forêt et donc la capacité de stockage de CO2. Ça va augmenter les voiries en forêt et donc augmenter le trafic de véhicules, de manière légale ou illégale. Puis le béton qui sera mis dans le sol n’est pas négligeable non plus. 

Un autre point important, c’est la distance des éoliennes par rapport au réseau électrique : il va falloir faire des kilomètres de tranchées, des câblages, ça va impliquer des travaux gigantesques qui vont forcément impacter notre commune au niveau du transit. »

Élie Deblire : « Je n’ai pas envie de contredire ce que vous dites. Ce sont tous les arguments qui sont toujours opposés aux projets éoliens et ce sont de bons arguments, il n’y a pas de problème par rapport à ça. Mais nous ne pouvons pas, en tout cas aujourd’hui, en mesurer l’impact puisque nous attendons d’avoir un rapport d’incidence sur l’environnement. Il va souligner des éléments que vous mettez en avant, on en est bien conscient. 

Nous, ce qu’on propose, ce n’est pas de dire non à tout ce que vous dites, mais c’est de mesurer concrètement l’impact sur l’environnement et les habitants et de voir si c’est acceptable. Mais je ne contredis pas vos arguments qui sont ceux qu’on entend dans toutes les réunions ; ils empêchent certains projets de se faire, mais d’autres peuvent quand même voir le jour. » 

Anne Wanet : « C’est dommage que ce soit laissé aux communes, ça devrait quand même être un organisme supérieur qui devrait gérer ça au niveau de l’Etat. »

Élie Deblire : « Ce n'est pas la Commune qui va décider, c’est la Région wallonne qui décidera. Ne nous attribuons pas les pouvoirs que nous n’avons pas. »

Anne Wanet : « Oui, mais ça se développe quand même fort de manière anarchique, il n’y a pas un plan global dès le départ. »

Élie Deblire : « J’entends bien ce que vous dites, mais si la Région wallonne considère qu’un projet comme celui-ci n’a pas sa place, elle nous le signifiera. »

François Rion intervient à son tour : « Vous l’avez dit, c’est délicat et clivant. On en a bien entendu discuté dans notre groupe plusieurs fois. Anne prend une position assez ferme. Avec Catherine, nous étions prêts à prendre une autre position pour illustrer que même au niveau écologique, c’est compliqué. 

Comme l’a souligné Anne, il faudrait une instance supérieure, c’est évident. On l’a d’ailleurs déjà redemandé quand on a signé la motion pour éviter la décharge nucléaire ;  on a modifié la motion pour dire qu’il faut que le gouvernement wallon s’empare de l’ensemble des énergies vertes, pour supprimer l’anarchie et proposer quelque chose de cohérent. Ça a failli se faire en 2012, j’aime quand même le rappeler, avec un cadre éolien écologique qui a été flingué par les partenaires du gouvernement, mais enfin, soit. 

Anne a en tout cas raison de s’inquiéter de l’impact des éoliennes en forêt car, même s’il y a une étude d’incidence positive, le morcellement et l’artificialisation des sols sont quand même bien présents. C’est une certitude ! Le tout est de mesurer l’enjeu et de se dire, à un moment donné, qu’on perdra un peu de biodiversité là et peut-être qu’on gagnera un peu grâce à notre action pour le climat. 

Je tiens quand même à rappeler que si on doit désormais se replier sur des projets en forêt, c’est parce que beaucoup d’autres ont été refusés. On peut les mettre le long des autoroutes, mais il y a déjà des riverains impactés par le trafic. On peut les mettre en mer, mais il y a des marins qui vivent de la pêche. Il n’y a pas de solution idéale. 

Un autre argument tout à fait recevable aussi, c’est évidemment la position compréhensible de bon nombre d’habitants de Petit-Thier qui rappellent qu’ils ont déjà le zoning. On ne veut évidemment pas leur reprocher cet argument-là. Ce n’est pas un simple argument : ils en ont plein les bottes. 

À un moment donné, les projets éoliens, où qu’ils soient, paient les pots cassés de toutes les autres infrastructures qu’on peut faire comme des autoroutes, des zonings et 36.000 autres projets qui ont sans doute leur utilité, mais qui finissent pas remplir le bocal du supportable de l’atteinte à la vie rurale. »

François Rion poursuit : « On a donc bien réfléchi à tout cela. On a eu très difficile, avec Catherine, de se dire qu’on allait quand même voter ce point. Et je vous rappelle qu’au conseil précédent, on s’est fait engueuler car on a mis le dossier de la turbine dans les points divers, mais, aujourd’hui, vous revenez avec un thème tout aussi important avec une délibération qui fait trois lignes, même si c’est pour une décision de principe. 

Vous nous donnez des explications aujourd’hui, mais vous comprenez bien dans quel inconfort de réunion on se trouve maintenant. Et c’est toujours le même bordel si vous voulez bien me passer l’expression car on apprend maintenant qu’il y a deux entreprises qui sont concernées sur ce terrain-là, qu’il y a d’autres projets, mais on ne sait pas qui est la seconde entreprise… 

On doit le savoir, on doit savoir concrètement ce qui doit se passer, quelle entreprise est intéressée. Or, actuellement, on doit deviner ce sur quoi on doit voter à travers une feuille de papier. 

Vous nous prenez peut-être pour des gens très intelligents qui ont un niveau de divination exemplaire, peut-être, mais, bon sang, communiquez, faites une note sur des sujets pareils, quelque chose de plus précis. Je suis à deux doigts de voter au moins une abstention car ce que vous venez de dire, vous pouviez nous l’écrire ; ce sont aussi des infos que vous amenez sur un coin d’une table. Ça vaut largement le point sur lequel on s’est fait engueuler la fois passée. Nous ne sommes pas contents du tout ! »

Élie Deblire : « Nous sommes la seule commune à réaliser des réunions en dehors des RIP. Ça n’existe nulle part ailleurs ! Tout cela a été dit à la réunion d’information. Nous avons joué la transparence depuis le début, l’information a été donnée depuis le début, jusqu’à la précision d’un projet d’une entreprise avec un site défini. 

Mais nous, nous ne voulons pas aller si loin aujourd’hui, on veut d’abord laisser la porte ouverte et la réalisation d'un rapport d’incidence ; on veut que sur base de cela, selon les avantages et les inconvénients, on prenne une décision ensemble. 

La transparence, nous l’avons donc jouée depuis le début. Je ne vous ai rien appris aujourd’hui. Vous savez par exemple qu’il y a des projets éoliens dans d’autres communes, mais aussi sur des terrains privés dans notre commune. Vous savez aussi qu’il y a des terrains qui appartiennent au CPAS de Bruges, qui joignent nos terrains, et que là aussi il y a des possibilités. Tout ça a été dit. Ne dites pas que vous avez appris aujourd’hui ces choses-là. 

Il y a évidemment des différences d’appréciation dans nos différents groupes, mais nous sommes au même niveau d’information. Par rapport à vos arguments sur le rapport éolien, je partage votre point de vue, mais quel est le fruit de vos contacts, par rapport à ça ? Avance-t-on au niveau du gouvernement wallon ? Moi, mes contacts ne me font pas croire qu’un cadre arrivera, il n’est même pas prévu dans la Déclaration de politique générale. Ne devons-nous quand même pas avancer vers une éventuelle solution et, en tout cas, avoir cette étude d’incidence par rapport à un projet que nous n’aurons de toute façon peut-être jamais ? » 

François Rion : « On est là pour discuter, il faut avancer, évidemment, mais comprenez qu’on est un peu rafraîchi car on connaît le truc des petits pas qui finissent par nous coincer. À force de dire oui à un, oui à deux, on finit avec des choses comme le zoning. Nous, c’est comme ça qu’on l’a perçu, le zoning. »  

François Rion termine en évoquant le dossier de la ZAC (zone d’aménagement concerté) de Cahay et le fait que le Collège n’aurait pas l’intention de présenter une réunion publique. Le bourgmestre rappelle qu’elle est obligatoire, mais qu’il faut d’abord un projet concret sur la table. 

Jérôme Derochette enchaîne : « Je ne reviendrai pas sur les propos tenus par Anne et François que j’avais prévu d’évoquer, mais avec lesquels je suis parfaitement d’accord. Je voudrais souligner que je suis également d’accord avec vous pour dire qu’il faut avancer, qu’il faut laisser le dossier maturer pour ensuite prendre les bonnes décisions en toute connaissance de cause. 

J’apporte néanmoins deux nuances à mon vote. 

La première concerne évidemment l’absence de cadre. Si nous souhaitons nous inscrire dans le développement éolien, ce serait tout de même intéressant d’essayer, à l’échelon de notre commune, de relancer le Gouvernement wallon pour qu’un cadre clair soit à nouveau effectif car, dans les faits, on a effectivement souvent l’impression d’être face à une écologie sauvage, où ce sont les intérêts financiers qui priment pour les entreprises comme pour les communes, là où nous voudrions une écologie responsable. 

La deuxième nuance concerne la population de Petit-Thier qui, François l’a dit, est déjà fort impactée par le zoning. À ce sujet, Monsieur le bourgmestre, avez-vous un retour significatif des citoyens concernés sur le projet ? Savez-vous s’ils sont, dans leur ensemble, favorables au projet ? Je souhaiterais également savoir ce que vous comptez faire s’il advenait que la population s’oppose globalement au projet ? »  

Élie Deblire : « La véritable réunion information publique aura évidemment pour effet de réellement mesurer l’opposition citoyenne. Il faut reconnaître que la première réunion que nous avons réalisée de notre initiative n’a pas provoqué une véritable levée de boucliers contre le projet. En tout cas, moi, je n’ai pas eu cette impression. 

Mais qu’ai-je dit à l’entreprise présente ? On peut voir ça sous deux angles : soit on considère que ça s’est bien passé et que les personnes présentent étaient majoritairement favorables, ou dans l’abstention, ou dans la réflexion, soit on considère qu’elles étaient uniquement là pour prendre de l’information et préparer la réplique à l’occasion de la véritable réunion publique. 

Moi, je ne sais pas vous dire aujourd’hui quel est le raisonnement de la majorité des personnes présentes. J’ai eu des contacts individuels avec certaines personnes qui ont des points de vue divergents, mais je ne suis pas capable d’estimer le ressenti global. Je peux simplement vous dire que cette réunion s’est bien passée. » 

Stéphanie Heyden : « Je voudrais rappeler que la communication est importante. Vous avez évidemment rappelé qu’il y avait eu cette réunion, dans des circonstances particulières. On est toujours dans ces circonstances particulières provoquées par la crise sanitaire, c’est difficile de sonder les gens car on ne voit plus personne. 

Au niveau de notre groupe aussi, nous avons un vote un peu différent, mais notre volonté est d’aller de l’avant pour avoir une bonne communication et avoir le ressenti de la population de Petit-Thier, ce qui est nécessaire. D’ailleurs, à quoi sert notre décision de ce soir concrètement ? Comment la réunion publique va-t-elle s’organiser ? Et comment se passera la consultation populaire par la suite ? »

Élie Deblire : « Il est clair que nous sommes au point zéro même si nous avons déjà réalisé une réunion publique de notre propre initiative qui n’est pas prévue dans le cadre légal. Il est donc difficile de nous faire un reproche sur la communication et, en tout cas, pour moi, il est difficile d’accepter le reproche du manque de transparence. 

Si le vote est positif, il permettra de faire de la publicité au sujet de nos terrains, en espérant avoir des candidats et nous croyons qu’il pourrait en tout cas au moins y en avoir un, celui qui s’est présenté à la réunion d’information, et éventuellement un second. Il n’est évidemment pas impossible d’en avoir d’autres. Nous analyserons les offres. La réunion publique sera réalisée par l’opérateur sélectionné, sans doute dans le courant de l’année 2021. »

François Rion (qui vient d’avoir un contact avec Catherine Desert) : « Vos informations ont encore un petit peu modifié notre point de vue, mais j’ai demandé à Catherine de maintenir notre vote pour jouer franc-jeu avec les habitants de Petit-Thier. 

On ne veut pas faire du populisme en leur disant « oui, vous avez déjà le zoning, c’est intenable ». Nous sommes des écolos, nous sommes favorables à la transition écologique et nous allons avancer un petit peu dans le dossier, mais sous réserve d’aboutir dans des conditions acceptables et recevables, comme le disent Jérôme et Stéphanie. Merci en tout cas de nous présenter des dossiers plus explicites à l’avenir ! » 

Élie Deblire : « Vos réserves sont les nôtres, je vous remercie de nous associer à la réflexion. »

La directrice générale, Anne-Catherine Paquay interpelle le bourgmestre : « Le projet de délibération ne faisait pas état de faire de la publicité. Pourriez-vous m’indiquer comment vous comptez la faire ? »

Élie Deblire : « Si, il faut évidemment prévoir la publicité sous la forme qui peut être définie par le Collège. Je me suis inspiré de la Commune de Gouvy qui, sur base d’une même délibération, a fait la publicité. On peut la prévoir sous forme régionale ou nationale. Pour moi, il n’y a pas de soucis avec ça. »

Anne-Catherine Paquay : « Je ne me positionne pas sur le fond, mais du point de vue de la légalité. »

Élie Deblire : « Il faut donc ajouter dans notre délibération que la Commune assurera la publicité. »

Anne-Catherine Paquay : « Sur base de quels critères la publicité va-t-elle être faite ? Elle portera sur un droit de superficie ? » 

Élie Deblire : « C’est cela. »

Au vote, Anne Wanet et Sybille Maka votent contre. Nicolas Drehsen s’abstient. Les autres membres du conseil communal émettent un vote favorable.  

Assemblées stratégiques des intercommunales

Les intercommunales Idelux Développement, Idelux Projets Publics et Idelux Finances

Différentes assemblées sont prévues dans les intercommunales au cours du mois de décembre. C’est l’occasion, pour Élie Deblire, de dresser un bref résumé de la situation de chacune d’entre elles : « Je peux évidemment répondre à vos questions puisque nous avons une série de mandats dans ces intercommunales, mais je ne veux pas allonger les débats car nous avons beaucoup de points au programme, dont le budget communal 2021 qui est le plat de résistance. »

Alors, que retenir ? Vous lirez, dans le présent compte rendu, un résumé succinct des différents points abordés, les exposés complets s’avérant longs et techniques.

En ce qui concerne Idelux Développement et les futurs parcs d’activité, le bourgmestre précise : « Il est question de viser des améliorations sur le plan paysager, urbanistique, sur le plan de la mobilité et de la biodiversité ; de répondre aux critères européens, mais aussi aux critères de la Région wallonne tels qu’ils apparaissent dans sa Déclaration de politique générale. » 

Il est également question d’une meilleure gestion des eaux usées et d’une meilleure gestion énergétique en rappelant que la meilleure énergie, c'est évidemment celle qui n'est pas consommée. Le bourgmestre insiste en outre sur la nécessité de faire davantage se rencontrer les entreprises dans les zones d'activités : le commerce qui se fait à l'intérieur d’une zone est quelque chose d’extrêmement intéressant pour tout le monde et il peut aussi diminuer la mobilité.

Idelux Projets Publics a un lien direct avec le développement. Élie Deblire précise que 40 communes ont travaillé avec cette intercommunale durant l'année 2020. C'est dire son intérêt pour les communes. 

En 2021, il conviendra d’être attentif aux fonds européens qui vont être dégagés et de tenter au maximum d’en faire bénéficier les partenaires, que ce soit dans le domaine du logement ou encore dans le secteur Horeca qui a beaucoup souffert et qui souffre toujours de cette crise sanitaire. 

En ce qui concerne Idelux Finances, retenons que 280 entreprises ont été accompagnées durant l'année et qu’on prévoit un accompagnement semblable pour l'année 2021. Il s’agit essentiellement du financement d'entreprises, de l'ordre de 15.000.000 euros pour l'année 2021.  

François Rion réagit : « Vous saviez à quoi vous en tenir en présentant les assemblées générales du groupe Idelux… J’ai lu une partie – je dois bien avouer que je ne suis pas arrivé au bout - de la brochure sur la stratégie de développement.

C’est vrai que quand on lit ce texte, on voit souvent venir des termes comme biodiversité. On verdit tout, on parle tellement de développement durable que pour quelqu’un qui ne sait pas comment ça fonctionne, on aurait presque l’impression de lire le programme d’un parti écolo radical. 

Je sais que je ne me lance pas dans la lecture du Petit Prince, mais quand même… On est tellement loin, dans la stratégie d’Idelux, de l’économie apaisée que pour nous il est encore impossible de voter positivement. 

On se doute évidemment qu’il y aura des nouveautés. On parle par exemple d’une écostation à essence. Il faut bien être créatif, mais, évidemment, pour nous, il n’y a aucune possibilité de faire une écostation à essence. On peut la faire moins polluante, mais de là à lui coller l’étiquette éco, c’est impossible. 

Cette volonté d’un développement économique dans laquelle Idelux cherche une formule pour diminuer l’impact sur les transports routiers notamment ne me convient pas : encore une fois, ce sera un vote négatif pour notre groupe. Ce sera la même chose pour Idelux Finances qui reste évidemment le bras armé du groupe. 

Par contre, je vais peut-être vous surprendre au niveau d’Idelux Projets publics. La mise en œuvre de toute une série de dossiers est de plus en plus compliquée, il faut qu'il y ait des intercommunales pour les superviser, même si on vous reproche d’y faire appel pour toute une série de thèmes pour lesquels il n'y a pas lieu d'avoir une intercommunale aussi puissante et aussi coûteuse. Ceci dit, on attend quand même, en matière de verdissement et de protection de la biodiversité, qu’Idelux Développement s'intéresse au rejet des eaux usées sur le zoning de Burtonville. » 

Élie Deblire : « C’est clair que pour nous avons avec le zoning de Burtonville un parc d’ancienne génération dans notre commune et, quand on voit la façon dont les nouveaux parcs sont mis en œuvre, on peut en être jaloux, mais on tente d’améliorer au mieux notre zone d’activité, notamment avec la séparation des eaux claires et des eaux usées. 

Concernant le bassin de décantation, des améliorations ont été apportées, mais c’est encore imparfait, trop d’eau sale se retrouve dans le ruisseau. 

Au sujet du développement économique, je continue de dire qu’on a besoin de parcs d’activité dans une province comme la nôtre. On dénombre 51 parcs et 670 entreprises. L’artificialisation des sols est de 0,38% du territoire de notre province, c’est évidemment un pourcentage ridicule par rapport à l’apport économique. 

En ce qui concerne Idelux Finances, je comprends votre raisonnement car ça reste en effet le bras armé. Sur Idelux Projets Publics, je prends acte de votre décision car c’est effectivement une intercommunale au service de nos communes, même si elle reste un peu trop chère. »

Au vote sur l’ordre du jour des intercommunales, en ce qui concerne Idelux Finances et Développement, on enregistre 3 votes négatifs du groupe Ecolo. C’est un vote positif pour les autres groupes.

En ce qui concerne Idelux Projets Publics, c’est par contre un vote unanimement positif.

Idelux Eau et Idelux Environnement

Après quelques rappels du bourgmestre, Stéphanie Heyden, présidente d’Idelux Eau présente les bilans et projets des deux intercommunales.

En ce qui concerne Idelux Eau, citons notamment : 

- le taux d’équipement au niveau des stations d’épuration qui devrait passer à 88% en 2021. 8 stations d’épuration supplémentaires seront opérationnelles. On est à un taux d’équipement de 84% en 2020 et on passerait à 93% en 2022 ;

- la poursuite et la finalisation des contrats d’assainissement industriels avec les entreprises de la Province de Luxembourg ; 

- l’optimisation des consommations énergétiques au niveau des stations d’épuration : des panneaux solaires seront ainsi installés sur la toiture de bâtiments. Ce sera le cas pour la station d’épuration de Vielsalm courant 2021 ;

- la mise en service de l’unité mobile de déshydratation des boues de stations d’épuration, qui va permettre de valoriser les boues en agriculture ;

- la poursuite de la réalisation du cadastre de l’égouttage. 200 KM cadastrés en 2020, 200 KM toujours prévus en 2021 ;

- l’amélioration du taux de raccordement des habitations au réseau d’égouttage. 

Et pour terminer au niveau d’Idelux Eau, le projet d’une station d’épuration de 300 équivalents-habitants à Regné suit son cours puisque le conseil d’administration est amené à approuver le cahier des charges pour ces travaux.

En ce qui concerne Idelux Environnement, retenons notamment :

- des travaux d’aménagements réalisés sur 5 recyparcs en 2020 ;

- la collecte des P+MC étendue aux 55 communes affiliées avec une campagne de communication menée en collaboration avec FOSTPLUS ;

- du changement du côté de la collecte des langes pour laquelle la campagne de communication est en cours. 

Enfin, un travail toujours en cours au niveau de la prise de conscience citoyenne en matière de zéro déchet et différentes actions de ce côté sont toujours organisées.

François Rion : « Une petite précision tout de même. Les langes n’ont désormais plus leur place dans le sac des matières biodégradables car les fabricants n’utilisent plus les mêmes techniques et les produits ne sont plus biodégradables. 

Il serait intéressant de rassembler les avis des communes et de se plaindre auprès des industriels sur ces techniques rétrogrades. Je dois aussi souligner qu’aucune communication n’a été faite pour la prime en lien avec les langes lavables dans le dernier Salminfo. »

Au vote, les ordres du jour d’Idelux Eau et d’Idelux Environnement sont approuvés unanimement.

L'intercommunale Vivalia

Quelques informations importantes sont à relever au sujet de Vivalia.

Si le secteur hospitalier est à l’équilibre, le secteur de l’aide médicale urgente est toujours en déficit car les interventions communales ne suivent pas et le financement fédéral est insuffisant. 

En ce qui concerne le secteur de la prise en charge des personnes âgées, le déficit s’établit à 400.000 euros. 

Le dossier de la nouvelle polyclinique chemine doucement. 

François Rion : « On fait évidemment confiance aux représentants communaux qui sont au conseil d’administration tout en déplorant l’hypercentralisation. Le fait d’être loin de tout pose évidemment des problèmes de mobilité. La proximité disparaît. Notre commune compte sur Saint-Vith et Malmedy, mais jusqu’à quand ? Car si le regroupement dans la Province de Liège se fait également, pas sûr que des cliniques comme Malmedy subsistent. 

Par ailleurs, nos représentants provinciaux au conseil administration soulignent que la connaissance de l’existence de documents et dossiers administratifs n’est pas toujours évidente. Notre représentante trouve que la transparence est loin d’être parfaite et, évidemment, on a l’intention de lui faire confiance et donc de poser un vote d’abstention. De toute façon, on reconnaît que le dossier est complexe, mais le problème de proximité est fort gênant pour nous. »

Élie Deblire : « Je prends acte de votre décision, mais je voudrais rappeler la volonté régionale de créer des centres hospitaliers car il y a une pénurie d’infirmiers et de médecins spécialistes qui veulent travailler en pôle et non plus en petites équipes dans de petits hôpitaux, on peut comprendre qu’ils souhaitent travailler dans de grandes équipes.

Il faut bien s’adapter à un monde qui évolue même si moi non plus, ça ne me réjouit pas spécialement. Mais je ne vois pas comment on peut changer le cours du temps. 

En ce qui concerne les documents, votre représentante les a sollicités et elle a reçu une réponse positive pour autant qu’elle prenne rendez-vous avec le secrétaire général car beaucoup de dossiers sont confidentiels. Je peux donc vous rassurer. »

François Rion : « Elle a accès aux documents, bien entendu. C’est la même chose dans beaucoup d’organisations, ça ne peut pas être refusé. Le conseiller ou le représentant doit demander l’accès, mais encore faut-il qu’il connaisse l’existence des documents en question. La première des choses, c’est de citer l’existence des documents. 

Il y a sans doute aussi un problème concernant l’organisation des médecins qui préfèrent travailler dans de grandes équipes, mais cette organisation, face à des problèmes sanitaires neufs, au sein de ces grandes structures, réagira-t-elle mieux qu’une organisation en structures plus petites ? Je ne sais pas, mais il faut prévoir que les nouvelles méthodes de fonctionnement peuvent être mises à mal d’une année à l’autre. Gardons quand même l’idée que la proximité est un gage de qualité. »

Élie Deblire : « Lors du dernier conseil d’administration, la question a été posée… La réponse donnée par le Docteur Delrue a été très claire. Ce fonctionnement a donné de meilleurs résultats dans la crise du Covid-19. 

Il faut savoir que des transferts entre hôpitaux ne sont pas de nature à créer un confort pour les patients. Les grandes unités spécialisées répondraient donc davantage à des phénomènes pandémiques. Quant à la proximité, nous la garderons ; il faudra créer des polycliniques, comme à Vielsalm, pour des consultations, des radios, le scanner, etc. Espérons pouvoir l’avoir dans une localité comme Vielsalm. »

Stéphanie Heyden : « C’est un débat démocratique intéressant, mais on oublie souvent l’objectif premier d’une structure comme Vivalia : la santé. J’en ai assez des guerres au niveau politique ! Il faut remettre l’objectif premier au centre du débat.

Je suis heureuse d’entendre la belle évolution au niveau de la future polyclinique et j’espère voir d’autres projets émerger dans notre province. Pour notre santé, je pense que nous sommes prêts à faire quelques kilomètres en plus. » 

Élie Deblire : « Je n’ai jamais participé à la moindre polémique, bien au contraire ; je suis un élément très modérateur dans ce qui se passe en centrant mes interventions sur le bien-être et la santé. C’est l’objectif prioritaire, je ne vais certainement pas mettre de l’huile sur le feu. »

Au vote sur l’ordre du jour de l’Intercommunale Vivalia, on enregistre une abstention du groupe Écolo. C’est un vote positif pour les autres groupes. 

Autres décisions

- Adoption de l'ordre du jour de l'Intercommunale ORES

- Adoption des comptes 2015 à 2019 et budgets 2020 et 2021 de la Fabrique d’église de Petit-Thier (des retards pour des motifs d’ordre technique et administratif, malgré la bonne volonté des uns et des autres, qui incitent Élie Deblire et François Rion a relancé une réflexion globale sur l’aide à la gestion des fabriques d’église et l’importante disponibilité dont doivent faire preuve certains fabriciens) ;

- Approbation du rapport des synergies entre la Commune et son CPAS ;

- Approbation de l’ajout d’un lot à la vente des bois de chauffage :

- Approbation du règlement complémentaire sur la police de la circulation à Grand-Halleux et à Petit-Thier ; 

- Désignation de Sybille Maka à l’assemblée de la Société de Logements Publics de la Haute Ardenne en remplacement de Françoise Caprasse ;

- Approbation de la dissolution de la société coopérative Les Ateliers de la Salm, une société coopérative créée dans les années 2000 dans le giron de l’ASBL Les Hautes Ardennes et qui n’a jamais été amenée à jouer un rôle actif dans la gestion de l’entreprise de travail adapté ;

- Approbation de la résiliation d’un droit de superficie d’un terrain qui était initialement prévu pour construire un hall sportif entre l’Athénée Royal de Vielsalm et l’Institut du Sacré-Cœur ;

- Approbation de l’achat de l’ancien bâtiment Payon ;

- Adhésion à la nouvelle convention des Maires – Objectifs 2030 dans la lutte contre le changement climatique. Dans les objectifs, il est notamment question de dépasser les objectifs fixés par l’UE en réduisant d’au moins 40 % les émissions de dioxyde de carbone sur notre territoire ou encore de soumettre un plan d’action en faveur de l’énergie durable, d’adapter les structures urbaines, de mobiliser la société civile dans notre territoire afin qu’elle prenne part au plan d’action, etc. ;

- Approbation du dossier de candidature pour l’appel à projets « Communes Pilotes Wallonie Cyclable ». Thibault Willem précise : « On essaie de répondre à l’appel à projets dont le but est de désigner des communes pilotes. L’objectif est d’étudier le potentiel cyclable de la Commune. On rappelle évidemment les projets déjà réalisés, comme la liaison vers Poteau et les projets en cours, comme la liaison cyclable vers Grand-Halleux et celle vers Lierneux. »

- Approbation de l’octroi de différents subsides ;

- Prise d’acte du Programme Stratégique Transversal tel que mis à jour et présenté par le collège communal.