Loin et en même temps si près du Covid-19….

À quelques kilomètres de Vielsalm, j’ai fait une balade dans une forêt qui m’est chère ce mercredi après-midi, en compagnie d’un petit chaperon rouge et vert…

Nous nous sommes sentis protégés dans cette forêt, au milieu de ces grands arbres veillant sur nous et nous envoyant mille signaux de renouveau printanier.

On s’est laissé aller dans le moment présent et envahir par leurs ondes positives, nous laissant porter par les murmures et bruissements qui nous rappelaient ces quelques vers de Victor Hugo :

« Écoute l'arbre et la feuille

La nature est une voix

Qui parle à qui se recueille

Et qui chante dans les bois ».

Quels précieux moments et comme nous étions privilégiés !

Mais on ne pouvait s’empêcher de penser à toutes ces victimes du Covid-19 et à celles et ceux qui se battent au quotidien contre ce virus, pour aider les autres, au péril de leur santé, de leur vie même, dans les hôpitaux, les institutions pour personnes âgées ou handicapées, les organisations de soins et services à domicile.

Comment justifier que, pendant des semaines, le personnel de soins ait dû attendre des masques et du matériel ? Que, même au niveau de l'Union européenne, beaucoup de temps ait été perdu pour organiser une solidarité toute relative entre les pays?

Ah, si ces soignantes et ces soignants pouvaient seulement s’offrir une pause et passer avec leurs proches quelques heures dans une forêt bienveillante et heureusement bien protégée par le département de la Nature et des Forêts de la Wallonie !

Des décisions dont on mesure ou dont on va mesurer les impacts négatifs !

Mais en écrivant ces quelques mots, je ne peux pas m’empêcher de râler sur les mesures prises au fil du temps : réduction de cotisations sociales (des milliards d'euros en moins sans contrôle des entreprises sur leurs engagements en matière d'emplois) et sous-financement de la sécurité sociale, moyens insuffisants pour les soins à domicile, les hôpitaux et l’accès à la santé, trop peu d’attention pour les moins bien lotis, fiscalité des riches, des multinationales et des spéculateurs bien insuffisante, trop peu d’effectifs dans la lutte contre la fraude fiscale, absence de réelle taxe sur les transactions financières, etc., etc.

Emmanuel Macron, dans son discours du 12 mars 2020: "Ce que révèle d'ores et déjà cette pandémie, c'est que la santé gratuite sans conditions de revenus, de parcours ou de profession, notre Etat-Providence, ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe". Et il s'est dit résolu à "placer en dehors des lois du marché" un certain nombre de biens et de services (Le Monde du 14 mars 2020).

On croit rêver car il a plutôt fait le contraire jusqu'à présent. On va attendre la suite...

Et chez nous?

Nous dira-t-on encore demain ou après: pas d’impôts supplémentaires même pour les bien nantis ? Nous dira-t-on demain : faire beaucoup plus avec beaucoup moins ? Nous dira-t-on demain qu’il faut encore réduire les services publics ?

Si c’est ainsi, il faudra se mobiliser plus que jamais, ne pas rester passifs face au capitalisme globalisé (Anton Brender dans le Monde du du 15-16 mars 2020) et au capitalisme tout court sinon la social-démocratie en prendra un coup…

Jacques Gennen, 21 mars 2020

Le printemps arrive. C'est au moins une certitude...