11 novembre, devoir de mémoire, devoir de vigilance…

(7 septembre 2013 : le « Salut » des porte-drapeaux pendant l’exécution des hymnes nationaux belge et américain lors de l’inauguration du monument érigé à Vielsalm,  à l'initiative du C-47 Ardennes Salm River Chapter, en l’honneur des soldats de la 82nd Airborne Division et de diverses unités de combat)

Depuis toujours, les autorités communales de Vielsalm et bon nombre de concitoyens commémorent dignement le 11 novembre et d’autres rassemblements patriotiques.

Ce lundi 11 novembre (à Vielsalm) et ce mardi 12 novembre (à Goronne), au-delà des discours habituels, deux faits illustrant la forte présence de la jeunesse, m’ont particulièrement touché ainsi que les autres personnes présentes.

À Vielsalm, outre les représentants de la communauté scolaire, l'Unité scoute Saint-Gengoux était particulièrement bien représentée. Plusieurs dizaines de ses membres ont accueilli en rangs serrés et de belle manière les personnes présentes devant l’église et les ont accompagnées devant les différents monuments.

À Goronne, au lieu de nous servir la Brabançonne sur un lecteur de cassettes un peu crincrin,  les deux institutrices, Thérèse Catin et Danielle Gérardy, l’ont fait chanter par les jeunes élèves de l'école communale. Belle initiative !

Si le 11 novembre est l’occasion de commémorer l’armistice de la guerre 14-18, il est aussi l’occasion d’associer dans une même pensée les victimes militaires et civiles des deux guerres mondiales et de raviver notre vigilance.

Les valeurs que nous portons à l’occasion du 11 novembre (la liberté, la solidarité, la paix…) sont indissociables d’autres valeurs comme l’égalité, la liberté d’expression, la tolérance ou encore le respect de l’autre.

Ce sont ces valeurs qui fondent aussi, à quelque niveau que ce soit, notre démocratie et la cohésion sociale dont le Conseil communal a débattu récemment.

Un devoir de mémoire mais aussi un devoir de vigilance!

Précisément, un devoir de vigilance doit aller de pair avec le devoir de mémoire. Un devoir de vigilance qui s’impose face aux manifestations de rejet de l’autre et de manque de respect (on l’a vu récemment encore à Bruxelles avec la manière dont certains réfugiés afghans ont été expulsés de divers lieux d’accueil).

Un devoir de vigilance qui s’impose aussi face à la montée de l’extrême droite un peu partout en Europe et aux discours racistes qui se multiplient en France, en Italie et ailleurs.

En France, ce sont les propos racistes de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute à l’égard de la ministre Christiane Taubira qui ont provoqué une vague d’indignation (quoiqu’un peu tardive, même de la part du PS et du président Hollande).

Christiane Taubira dont j’ai apprécié le combat pour le mariage pour tous et ses interventions remarquables à l’Assemblée nationale, a répondu à ces attaques racistes avec l’élégance et la hauteur de vues qu’on lui connaît.

Il est vrai qu’en France – pour ne prendre que ce pays – des hommes politiques de droite (de droite surtout mais Manuel Vals, avec son discours sur les Roms, n’est pas exempt de reproches) ont tenu un discours intolérant et identitaire qui, d’une part, libère la prise de parole raciste et, d’autre part, légitime en quelque sorte le discours xénophobe de l’extrême droite.

Dans les insultes racistes, ce qui est visé, ce n’est pas seulement la personne, selon Christiane Taubira, « c’est une remise en cause de la cohésion sociale, le rejet de ce qui a fait la nation ».

Le pouvoir de l’action est certes très important mais, faisant allusion aux insultes racistes, la ministre française a rappelé l’importance des mots et de la parole : « Les mots sont des événements ». Ils sont, a-t-elle dit, « l’expression intempestive du refus de l’autre », « l’affichage du refus du lien social » et « du rejet de ce qui a fait la nation française ».

Et elle a cité René Char, poète et résistant : « Reprenons la parole. Reprenons-la à ceux qui nous saoulent, qui nous étourdissent, avec leurs bavardages, leurs radotages nombrilistes. Reprenons la parole, sinon nous serons prisonniers de ce haut rideau d’épines et nous serons derrière des acteurs à la langue coupée ». (Ma conclusion est inspirée du bel article de Corinne Laurent sur le site "la-croix.com", 13 novembre 2013).

Jacques Gennen, 15 novembre 2013