Rencontre, émotion et nostalgie à la maison de repos du CPAS, à Provedroux !

Le vendredi 19 août 2016, c’était la dernière journée de fête et de retrouvailles à la maison de repos du CPAS. Les résidents et leur famille, le personnel au complet et quelques membres du conseil communal et du conseil de l’action sociale ont partagé un excellent buffet froid préparé par le personnel de cuisine de la maison.

C’était une journée de fête, mais il y avait aussi de l’émotion et de la nostalgie dans l’air, à quelques jours du déménagement vers la nouvelle maison de repos La Bouvière à Vielsalm.

C’est vrai que quitter une maison de repos d'une bonne quarantaine de lits à l’ambiance familiale, avec ses chambres disposées autour de petites salles communes, pour un nouveau lieu de vie et de travail dans un gros ensemble immobilier de plus de 120 lits n’est pas une mince affaire.

Mais j’ai senti parmi les membres du personnel la volonté de réussir cette opération et de veiller à ce que le déménagement et l’intégration dans leur nouveau lieu de vie se passent le mieux possible pour les résidents.

C’est le même état d’esprit qui anime le personnel de la MRS St-Gengoux.

Il reste que certains membres du personnel ont laissé transparaître leur inquiétude : celle de ne plus pouvoir, à l’occasion d’un repas, d’un soin ou d’un passage dans sa chambre, consacrer suffisamment du temps à écouter la personne âgée et à dialoguer avec elle.

Je ne peux m’empêcher de vous livrer quelques lignes des conclusions de Pierre Gobiet, psychologue et psychothérapeute, dans son beau livre « Une si longue vie – Comprendre et accompagner le très grand âge » aux éditions Mardaga dans lequel il nous fait parcourir des territoires riches de sens en compagnie des grands arpenteurs, comme il les appelle. 

« Notre regard portera en lui le changement si nous pouvons percevoir les plus âgés d’entre nous non plus comme la somme de toutes leurs pertes, mais comme des personnes riches de ressources insoupçonnées. 

Puisse cet ouvrage vous avoir apporté des éclairages qui se refléteront dans votre propre vision du grand âge. Après tout, la personne très âgée, c’est de moins en moins « l’autre » : beaucoup d’entre nous parcourront ces territoires qui les conduiront au très grand âge. Et beaucoup d’entre nous chercheront les pépites qui ont sédimenté dans l’épaisseur de leur existence. 

Soyez indulgents et curieux avec ceux qui, au terme de leur si longue vie, participent à cette quête fondamentale avec des moyens parfois très réduits. L’indulgence vous conduira peut-être à la patience, là où contre toute attente prendront place des temps suspendus : des instants précieux à travers lesquels la personne très âgée nous révèle notre propre humanité. 

Quant à la curiosité, si nous savons l’entretenir, elle est l’antidote de l’ennui. Car la vie surgit là où on ne l’attend pas. Faisons le pari qu’il en est de même dans les si longues vies et laissons-nous surprendre, pour aller au-delà du convenu ou du mortel ennui. »

Lisez-le, ce livre !  Que l’Intercommunale Vivalia l’offre à ses administrateurs et au personnel de ses maisons de repos et de ses maisons de repos et de soins !

C’est l’abbé Marcel Englebert, curé à Provedroux qui a eu l’idée de construire ce home. Il avait à ce moment-là 72 ans. C’était en 1964. Le home a été inauguré en juillet 1967 avec le soutien d’habitants du village et de quelques mécènes. Par la suite, le home a été cédé au CPAS.

L’abbé était un visionnaire, en quelque sorte. Son objectif était de construire autour du bâtiment principal une quarantaine de bungalows jumelés pouvant accueillir des couples âgés. Seuls deux bungalows ont été construits. Son intention était d’accueillir également sur la propriété des enfants « moralement abandonnés », selon son expression. Il n’a pu la concrétiser.

Pendant la construction du home, il m’est arrivé de donner rendez-vous à une jolie scout dans un coin ou l’autre du chantier. J’ai retrouvé par la suite le home comme président du CPAS. Ces deux dernières années, déguisé en Saint-Nicolas, après avoir reçu les enfants du village dans la salle tout à côté du home, j’ai été à la rencontre des résidents dont certains, arrivés au bout du chemin, m’invitaient à les emmener avec moi… 

Jacques Gennen, 1er septembre 2016

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