Vielsalm, au conseil communal, débat sur la CLDR, la Commission Locale de Développement Rural

Jérôme Derochette et Jacques Gennen

Lors de la séance du conseil communal de Vielsalm du 14 juin 2021, on a eu droit à un débat houleux sur le travail de la CLDR, la Commission Locale de Développement Rural.

Le point à l’ordre du jour concerne l’adoption du règlement relatif à l’octroi de subventions dans le cadre de l’appel à projets « citoyen », mais, comme on va le voir, le débat tournera vite autour de deux gros projets portés par la CLDR depuis des années (la turbine hydroélectrique en aval du plan d’eau et la traversée de Grand-Halleux). Ces deux projets ne verront pas le jour avant longtemps, semble-t-il. 

L'échevin Philippe Gérardy, président de la CLDR, évoque l’appel à projets citoyen 2021 dans le cadre de l’Opération de Développement Rural. Un règlement relatif à l’octroi des subventions est soumis à l’approbation du conseil communal. L’échevin rappelle que 3 projets seront récompensés (par des subsides respectifs de 4000, 3000 et 2000 euros). Il évoque également une modification du vote citoyen qui comptera désormais pour 20 à 30% des voix selon le nombre de votes citoyens récoltés. 

Cet appel à projets a été présenté dans le dernier SalmInfo. Ses objectifs sont les suivants : intensifier l’intégration sociale et la convivialité pour mieux vivre ensemble ; favoriser l’accès au logement ; promouvoir le caractère ardennais et l’esthétique de la Commune ; protéger l’environnement naturel et le patrimoine, valoriser les ressources locales et sensibiliser à ces thématiques ; développer une économie équitablement répartie et intégrée (produits locaux, filière durable…) ; s’inscrire dans une dynamique locale, provinciale ou régionale.

François Rion revient sur le projet de la turbine et sur celui de la traversée de Grand-Halleux qui se sont effondrés lors de la dernière réunion en distanciel de la CLDR : « En ce qui concerne la turbine, la CLDR a estimé qu’il ne fallait pas poursuivre les négociations avec la seule entreprise qui a soumissionné car, visiblement, cela ne nous amènerait à rien.

Je ne suis donc pas désolé que ce projet soit passé à la trappe. Il faut penser à autre chose avec ceux qui auront le courage de penser à quelque chose de neuf. Et puis, il y a le projet de la traversée de Grand-Halleux. Tout ça s’est effondré également, et là, c’était un peu subit, au grand dam des habitants qui ont beaucoup travaillé sur ce projet.  C’est assez dramatique. 

Là aussi, il faut repartir sur des bases nouvelles à condition qu'il y ait des candidats après 9 à 11 ans d'attente pour finalement n'aboutir à rien car je suis en admiration devant les membres d’un groupe de travail qui, après des années de réunion, n’a servi à rien. »

François Rion poursuit, prenant à partie Philippe Gérardy en sa qualité de président de la CLDR : « Concernant ce présent règlement d’appel à projets qui sort on ne sait finalement pas trop d’où ! On ne peut pas dire qu’il y ait eu une tentative de faire participer les membres de la CLDR à sa rédaction, mais bon il est fait.

OK, on va le voter, mais je voudrais quand même attirer l’attention du président et des membres du collège, sur le fait qu’il y a quelque chose qui est en train de se détricoter. Deux gros projets qui ont suscité un grand intérêt des gens sont foutus.

Par ailleurs, lors de la dernière réunion de la CLDR, on nous a présenté trois petits projets dans le cadre de l’appel à projets « BiodiverCité », il fallait en choisir un en vitesse, parce qu’il y a une subvention régionale à la clé, mais ce n’est pas assez, Philippe ! 

Le principe de la CLDR, c’est de te mouiller, Philippe, de faire participer les gens, d’autant plus que ça va être difficile de les relancer après deux échecs. Je t'avais déjà demandé en janvier ce qu’on allait faire pour relancer la machine. Comment va-t-on faire pour remobiliser les gens ? Tu vas sans doute évoquer les groupes de travail, mais là, il faut vraiment une impulsion de la présidence ! »

Le chef de file du groupe Écolo enfonce le clou : « On a quand même l’impression que personne ne croit en cette CLDR dans cette commune. Enfin, personne au niveau du Collège, par exemple. »

Philippe Gérardy ne se laisse pas tirer dessus sans réagir : « Le règlement de l’appel à projets a été soumis au jury qui relève essentiellement de la CLDR. Il comporte deux modifications : une qui concerne le vote et une autre qui précise que c'est ouvert à une association de personnes et non plus à une personne qui fait ça à titre privé ou à une société. Je ne pense pas qu'il fallait de la participation pour ça. Il fallait informer les membres de la CLDR et cela a été fait. »

Thibault Willem rappelle qu’un groupe de travail spécifique destiné à suivre les appels à projets avait même été constitué, sans grande participation, en 2019 !

Philippe Gérardy poursuit : « Concernant le projet de la turbine hydroélectrique, c'est évidemment une déception pour pas mal de membres qui étaient déjà présents dans les précédentes CLDR. On a pris la décision la plus sage en fonction des données dont on dispose. 

Je ne suis pas là pour postposer les projets. Pour la traversée de Grand-Halleux, c’est la même chose : le projet n’est pas abandonné. Après une 2e réunion avec le Service Public de Wallonie, en deux ans, on constate qu'il n'y a pas de budget à allouer à ce genre de projets puisqu’il en manque déjà pour des voiries plus endommagées. 

Et par rapport au fait de relancer la CLDR, c'est ton impression à toi, mais ce n’est pas nécessairement celles des membres de la CLDR. Enfin, en ce qui concerne l'appel à projets « biodiverCité », on l'a reçu il y a quelques semaines et il doit être ficelé pour fin juin. 

C’est pourquoi on a retenu – il fallait faire vite – le projet de lagunage près de l’étang du Tiennemesse. On tente de bénéficier du subside, on a donc essayé d'accélérer les choses, ce qui ne laisse pas vraiment le temps de favoriser la participation. 

Je rappelle qu’au niveau du développement rural, il y avait des moyens plus importants auparavant. Ils ont été réduits. La participation via la CLDR, c’est aussi de travailler sur des petits projets qui ne demandent pas d’intervention de la Région Wallonne ! »

Élie Deblire ajoute : « Il ne faut pas oublier qu’avec le Covid, les réunions virtuelles n’ont pas facilité les choses. Pour le projet de la turbine hydroélectrique, on tire tous un constat d’échec, mais on va tenter de rebondir. 

Ma volonté, c’est de rencontrer le responsable de la gestion des cours d'eau. On a l’impression que l’Administration wallonne ajoute des contraintes aux contraintes. Je voudrais remettre les gens autour de la table et voir quel type de projet raisonnable on peut concevoir. Il ne faut pas considérer que tout ce qui a été fait ne sert à rien. 

Pour la traversée de Grand-Halleux, le responsable du SPW, le Service Public de Wallonie, direction des routes du Luxembourg, ne sait pas fabriquer des millions. Il n’y a pas place pour notre projet qui est gigantesque au niveau de la Province de Luxembourg et c’est impossible de trouver les moyens.

Mais le Collège veut avancer. On va désigner un nouvel auteur de projet pour être prêt lorsque le budget sera disponible. J’espère que les citoyens se remettront autour de la table avec cet auteur de projet pour travailler sur des projets plus réalistes car il faut que tout le monde soit raisonnable. Il faut continuer à se battre. On peut tous être dans le catastrophisme, mais pour moi, ces projets sont simplement mis entre parenthèses, mais on doit les relancer. »

François Rion : « Je comprends bien, mais, depuis des années, la question budgétaire a été posée bien des fois par le membre de la CLDR qui a mené la barque concernant la traversée de Grand-Halleux et qui a demandé plusieurs fois si la Commune et la Wallonie suivraient. 

Je constate quand même que des petits projets ont marché, je pense au Bois du Climat, parce que les membres du groupe de travail ont demandé des choses très précises au Collège. Par contre, dans les projets où la question quitte le groupe de travail pour tomber sur la responsabilité du collège, cela foire et la situation dérape. »

Élie Deblire : « Vous comparez des pommes et des poires. D'où tombez-vous, là ? D’abord, la direction des routes du SP Wallonie n’a jamais dit qu’elle avait les moyens. Mais quand je rencontre les responsables du SP Wallonie, je parle toujours des projets de Vielsalm, pour parfois avoir des miettes, jusqu’à présent. 

On essaye toujours d’avoir des moyens. Mais il faut aussi savoir qu’on met toujours plus sur la tête du SPW Routes ; maintenant ils doivent prendre en charge la réfection des trottoirs, mais il n’y a aucun moyen qui suit !

Le Bois du Climat, c'est une petite chose comparativement au dossier de la traversée de Grand-Halleux ! » Le bourgmestre rappelle en outre que c'est un combat permanent pour dégager des moyens et qu'on a toujours l'espoir de les obtenir.

François Rion : « Il n’y a pas eu de mise en garde concernant le fait que le SPW n’avait pas les moyens budgétaires d’intervenir pour la traversée de Grand-Halleux ! »

Philippe Gérardy : « Ce n’est pas exact. En janvier 2019, le directeur du SPW nous l’a signalé et nous en avons informé la CLDR lors de la réunion qui a suivi. On avait encore l’espoir qu’un budget de quelques millions d’euros puisse être dégagé et cela n’a pas été le cas. »

Thibault Willem : « Et, en 2019, le directeur nous a aussi dit et nous l’avons répété de ne rien attendre de significatif avant 2025-2026 ! »

François Rion : « En 2019 ! Et il l’a redit deux ans après dix ans de discussions et de réunions ! »

Anne Wanet propose qu'une étude de faisabilité soit faite à l’avenir pour éviter de telles déconvenues, mais Élie Deblire précise que cela a été fait dans le dossier de la turbine, par exemple. « Mais personne ne pensait qu’on arriverait à 1,8 million d’euros de dépenses et cela a été accepté en CLDR », ajoute-t-il.

François Rion, de son côté, ne compte pas en rester là. Il surenchérit : « Un membre a dit que la CLDR se fait balader. »  

Le bourgmestre demande des noms et conteste vivement : « Balader par qui ? Pas par moi, en tout cas ! »

François Rion : « Demandez à votre président, il vous répondra en privé, la CLDR s’est fait balader par toute une série d’acquiescements du collège sans la mettre en garde sur le peu d’avenir du projet, mais bon, soit. Et comment on la relance ? »

Philippe Gérardy : « Il n'est pas question de relancer, on va essayer de sortir de la crise du Covid et on va continuer à travailler. »

Au vote, c’est une approbation unanime du règlement d’octroi des subventions dans le cadre de l’appel à projets « citoyen ».