Conseil communal du 27 janvier 2020 (2e partie): motion contre l'extension des activités d'IBV

Jérôme Derochette et Jacques Gennen

C’est un sujet éminemment sensible et un dossier résolument essentiel pour l’avenir de notre commune qui va faire l'objet de longs débats. 

Précisons d’emblée qu’il y a trois aspects dans ce dossier : le renouvellement du permis unique d’exploitation d’IBV pour l’ensemble de ses activités, la régularisation du système d’alimentation des chaudières à bois et l’extension des activités (une nouvelle unité de fabrication de pellets, un nouveau hall de stockage de bois séchés et de nouvelles chaudières produisant chaleur et électricité).

François Rion déplore qu’il soit abordé dans les points divers, espérant le voir apparaître dans l’ordre du jour.

François Rion amorce la discussion : « Si l’enquête concernant l’extension des activités d’IBV avait donné lieu à vingt courriers, on aurait laissé tomber, évidemment. Mais ce n’est pas le cas. Nous proposons donc la motion suivante, développée en concertation avec le groupe Comm’Vous. Elle ne met évidemment pas l’entreprise IBV en péril ! » Il présente la motion.

Texte de la motion

Le conseiller écolo entame la lecture de ladite motion :

« vu les centaines d’avis - pour la plupart négatifs - adressés à l’Administration communale par la population ;

considérant que l’approvisionnement public en eau de distribution est compromis par l’utilisation industrielle, qu’il est impossible de remplir la mission publique de distribution d’eau autrement que par la mobilisation d’un important charroi de camions-citernes ;

considérant que le raccordement au réseau provenant du lac de La Gileppe ne pourrait être réalisé avant un certain nombre d’années ;

considérant que l’extension des activités occasionnerait une consommation d’eau supplémentaire de 25% ;

considérant que le charroi occasionné par les activités de la zone d’activité est insupportable, tant pour les riverains que pour l’infrastructure routière, que l’insécurité routière interpelle tous les riverains ainsi que les usagers des routes régionales parcourues par ce charroi ;

considérant qu’il n’y a aucune autre possibilité de transport que la voie routière, que l’évocation d’une remise en fonction de la ligne de chemin de fer semble davantage relever d’un vœu pieux que d’une appréciation correcte de la problématique de la mobilité ;

considérant qu’il n’y a aucune possibilité d’évitement des agglomérations traversées ;

considérant qu’il faut conserver la possibilité d’accueillir des entreprises mieux intégrées au sein de la filière bois ardennaise, ce qui a d’ailleurs motivé l’implantation du zoning à cet endroit ;

considérant que la zone d’activité a pour vocation la transformation du bois issu de l’exploitation forestière, que ce zoning n’a pas pour destination d’être, en partie même, consacré à l’incinération de déchets :

considérant qu’il apparait de l’étude d’incidences que les installations actuelles font l’objet d’une multitude de recommandations qui font état de déficits de protection concernant le bruit, la qualité de l’air ainsi que la gestion des eaux usées ;

considérant, comme l’ont relevé les membres de la CCATM, l’absence de dispositifs clairs et contraignants quant à l’utilisation parcimonieuse de l’eau et à l’utilisation de l’eau de pluie de même que l’inexistence de partenariats entre les différentes entreprises présentes sur le site ;

le Conseil communal exprime un avis défavorable à l’extension et à la régularisation telles que prévues par la société IBV. »

Intervention de Jérôme Derochette

Jérôme Derochette, conseiller du groupe Comm’Vous, enchaîne : « Nous approuvons effectivement cette motion développée en concertation avec le groupe Ecolo.

Je souhaite cependant développer quelques points qui me semblent essentiels au débat. La sécurité, tout d’abord ! En 2019, il y eu 5 départs d’incendie au zoning. Loin de moi l’idée de semer inutilement la panique mais force est de constater que cette situation, inédite dans l’histoire du site, pose de sérieuses questions.

Des questions quant à la qualité et au suivi de la maintenance, bien entendu. Certains riverains sont inquiets : on peut les comprendre, d’autant que parmi eux, il y a ceux qui ont la malchance de vivre littéralement le nez sur le zoning.

À ce sujet, j’aimerais avoir votre ressenti, à la fin de mon intervention : trouvez-vous qu’il y a matière à s’inquiéter ou, au contraire, qu’il ne faut pas s’en formaliser ? Il me semble en tout cas problématique d’envisager une extension à l’heure où la sécurisation de l’actuel site interroge. Et ce d’autant plus que cette extension s’accompagnera de risques supplémentaires liés à l’augmentation du charroi. »

Jérôme Derochette critique ensuite la constitution du comité d’accompagnement : « Un mot, également, au sujet du comité d’accompagnement. Sa réhabilitation était demandée par les riverains depuis de longues années. C’est désormais chose faite. On peut s’en féliciter, y voir un excellent signal, voire même vous en remercier.

Je suis toutefois plus nuancé ; à titre personnel, je ne m’en réjouis qu’à moitié. Sa constitution me laisse perplexe car elle atteste d’un manque de transparence. Pourquoi ne pas avoir procédé à une élection sur base de candidatures, comme cela a été fait précédemment ? En l’état, il existe un problème de légitimité démocratique.

Comprenez-moi bien ! Il n’est pas ici question de remettre en cause la qualité, le sérieux et la volonté des Salmiens qui en font partie. Il s’agit plutôt de mettre en exergue le discrédit dont ils font malheureusement l’objet, indirectement et bien malgré eux, parce que le comité auquel ils prennent part a été constitué sur des bases qui manquent de clarté.

Il y a en effet une certaine défiance, d’une part de la population, qui est due à cette opacité pourtant évitable.

En outre, vous avez choisi de ne pas politiser ce comité. C’est un choix qui vous appartient, mais, à mon sens, cela le dessert d’autant plus. D’abord, est-il réellement dépolitisé ? Ensuite, en excluant l’essentiel des membres assis autour de cette table, vous renforcez le manque de transparence. C’est regrettable car ce comité est un garde-fou essentiel dans le contrôle du zoning. Il aurait mérité une pleine légitimité. »

Pour terminer, le conseiller de Comm’Vous interpelle le bourgmestre sur sa responsabilité et la question de l’emploi : « J’en viens maintenant à votre responsabilité dans ce dossier, en tant que bourgmestre.

Vous avez manifesté, lors de la campagne, votre volonté de gérer la commune en bon père de famille et d’en faire un endroit où il fait bon vivre. Ce sont des intentions louables, que nous partageons. Mais il faut maintenant les traduire en actes concrets.

La situation est, à mes yeux, assez simple. Mais peut-être m’apparaît-elle simple parce que je n’ai pas de lien quelconque avec le zoning. Dans la balance, nous avons d’un côté l’extension, ses nuisances et la promesse de 40 nouveaux emplois dont on ne sait trop s’ils concerneront autant de Salmiens ; de l’autre côté, nous avons des milliers de riverains impactés par le zoning, le long de la route, de la Baraque de Fraiture à Petit-Thier, jusqu’au cœur des villages situés dans son voisinage immédiat.

Gérer une commune dans l’intérêt de tous, en bon père de famille, c’est à mon sens opter pour une vision utilitariste. Or, la philosophie utilitariste consiste à prendre des décisions qui améliorent la situation du plus grand nombre.

En l’occurrence, la situation me semble limpide. C’est la qualité du bien-être des habitants qui doit primer sur les intérêts économiques aux retombées incertaines. Mais peut-être ne partagez-vous pas cette vision.

J’aimerais vous entendre, à ce sujet également. Le groupe Écolo a en tout cas bien démontré combien l’argument économique pouvait s’avérer fallacieux.

En la matière, une petite précision utile. Remettre en cause la création d’emplois, c’est évidemment devenir le vilain petit canard de l’histoire. C’est bien sûr réducteur !

Nous avons naturellement l’ambition de soutenir l’économie locale et la création d’emplois. Mais pas à n’importe quel prix et pas n’importe comment. Il n’y a pas de fatalité.

Nous ne sommes pas obligés d’étendre le zoning sans retenue, au motif qu’il est là et qu’il faut bien faire avec cette situation… Il faut briser de cercle vicieux ! Sortir, également, de cette culpabilisation capitaliste qui brandit le spectre de l’emploi comme la garantie d’un épanouissement sociétal et personnel.

Que les entreprises concernées trouvent un autre site pouvant accueillir l’extension. Qu’elles entament au moins une réflexion sérieuse sur la question.

Je termine mon intervention en formulant le souhait de tous vous entendre, d’une façon ou d’une autre, sur ce sujet. Il s’agit d’un dossier décisif sur lequel, je le pense, nous devons tous exprimer clairement nos convictions, que nous soyons dans la minorité ou dans la majorité. »

Intervention du bourgmestre

Élie Deblire prend la parole : « Je vous remercie pour avoir provoqué ce débat. Tout d’abord, sachez que pour le Collège, vos préoccupations sont les nôtres. Nous leur accordons beaucoup d’attention. Il n’est évidemment pas question de faire fi de ces courriers ni de votre motion : ce serait un non-sens de ne pas en tenir compte.

Face aux constats soulevés, il y a plusieurs chemins possibles. Notre objectif est de faire en sorte que les choses se passent mieux. Il faut aussi noter que dans les courriers reçus, il y a une série de remarques qui ne conduisent pas forcément à un refus de l’extension, mais qui visent à nous rendre attentifs à certaines préoccupations.

Tous les courriers ne sont donc pas contre l’extension. Concernant les débuts d’incendie, il y a eu des incidents, c’est vrai, mais ils étaient minimes, nos pompiers les ont rapidement maîtrisés et, bien sûr, des mesures ont été prises tout comme cela a été le cas à l’entreprise Spanolux-Unilin.

Nous veillerons à ce que ces difficultés ne se produisent plus à l’avenir, mais, vous le savez, le risque zéro n’existe pas. Vous évoquez par ailleurs l’approvisionnement en eau. Nous sommes dans des programmes prioritaires pour bénéficier d’un réseau supplémentaire afin d’alimenter en priorité le zoning et le Center Parcs. Nous serons bientôt directement reliés au barrage de la Gileppe.

Il faut évidemment être très exigeant sur l’utilisation de l’eau de pluie. Elle doit, à l’avenir, être davantage récupérée pour permettre une consommation en circuit à l'intérieur de la zone d'activités.

Au sujet du comité accompagnement, il rassemble des personnes de bonne volonté. J’ai réuni des gens qui ont envie de travailler, des gens qui ont manifesté leur intérêt. Je reste évidemment ouvert à toute candidature.

Nous avançons bien, dans la confiance, nous avons rencontré des entreprises et nous les avons convaincues à faire des investissements pour réduire les nuisances.

Il y a également eu une étude de bruit. On espère avoir des mesures rapides. En tout cas, le fonctionnement du comité me convient et il convient également aux personnes investies.

Il ne faut pas non plus négliger les 44 emplois que cette extension créera, sans oublier aussi les emplois indirects. C’est également important de soutenir la filière bois dans notre région et de poursuivre son développement.

Vous savez sans doute qu’il n’est plus possible de vendre du bois scié sans le valoriser et pour le valoriser, il faut le sécher et une cogénération supplémentaire pour alimenter le séchoir.

Il est important de répondre aux demandes du marché sinon, demain, ce bois sera invendable.

Je voudrais également rappeler les collaborations et les partenariats du zoning avec, notamment, l’ASBL Les Hautes Ardennes. Diminuer l’activité d’IBV serait problématique car cela pourrait impacter négativement les partenaires en question, dont Les Hautes Ardennes qui a déjà connu son lot de difficultés au début des années 2000.

Au chapitre des nuisances, pour le charroi léger, l’augmentation n’est pas significative. Pour le charroi lourd, il s’agit de 37 camions supplémentaires. On peut toujours dire que c’est beaucoup, mais je pense que ça vaut le coup à partir du moment où on continue les investissements en achetant, par exemple, des radars pour contrôler la vitesse et divers aménagements ont déjà été réalisés sur la RN 89 notamment pour améliorer la visibilité des îlots. On fait en sorte que les préoccupations liées à la sécurité routière soient rencontrées.

Enfin, sur les problèmes liés au bruit, on parvient à convaincre les entreprises à faire des efforts. Il faut poursuivre en ce sens et l’avis du collège imposera des normes draconiennes. »

Le bourgmestre précise également que de nombreuses recommandations vont être formulées par le collège suite à l’étude d’incidences et aux remarques formulées par le comité d’accompagnement, les plaignants, les riverains et la CCATM.

Il cède la parole à Thibault Willem, en sa qualité d’échevin des Travaux, qui précise que sa formation et son expérience professionnelle lui permettent d’avoir un œil avisé sur le dossier.

(Photo ASBL Godefroid)

Intervention technique de Thibault Willem

Thibault Willem : « Monsieur Derochette, vous avez précisé qu’il ne fallait pas faire n’importe quoi, à n’importe quel prix. C’est bien l’intention du collège.

Nous avons établi pas moins de 26 recommandations supplémentaires avec des conditions draconiennes. Ces recommandations concernent l’eau, l’air, le bruit, la qualité de vie et l’être humain. En effet, à la lecture complète de l’étude d’incidences, nous nous sommes rendu compte que celle-ci n’allait pas suffisamment loin dans différents domaines, que certaines recommandations étaient incomplètes ou manquantes et que les inquiétudes relevées par la majorité des courriers reçus de citoyens ne permettaient pas d’être levées.

L’avis du collège, qui sera soumis au fonctionnaire technique et au fonctionnaire délégué, sera rédigé de manière à prendre en compte toutes les problématiques, à imposer des mesures environnementales draconiennes en rapport avec les normes actuelles et à exercer un contrôle permanent par la Région Wallonne, mais également par le collège communal. »

Le premier échevin précise ensuite que la demande de permis unique sollicitée par IBV est une opportunité qui se présente, pour la première fois depuis 2000 et donc l’octroi du dernier permis unique complet, de rebattre les cartes en termes d’impositions environnementales, de mises à jour techniques et de moyens de contrôle des activités par les autorités compétentes.

Il ajoute : « Il est donc primordial de ne pas rater cette opportunité, tant pour les activités actuelles que futures, d’imposer au demandeur des solutions techniques et environnementales proactives et concrètes, tout en s’assurant, au travers du permis, que celles-ci seront bien appliquées au jour le jour. »

Il développe ensuite quelques-unes des recommandations techniques, dont voici un condensé. Il s’agit, entre autres, d’exiger une analyse de risque concernant les poches de pollution et un plan d’actions pour assainir les zones concernées; d’imposer l’utilisation de l’eau de pluie pour des tâches simples par exemple le nettoyage des plateformes et des engins, les sanitaires, le nettoyage des sécheurs de la pelletisation ou encore l’usage d’eau de pluie via des murs d’eau brumisée lors des déchargements de camions pour rabattre les envolées de poussières au sol.

Concernant les rejets d’eau, le premier échevin signale que l’étude d’incidences ne permet pas de caractériser totalement les eaux (industrielles, domestiques ou de plateforme) rejetées par l’entreprise.

Il précise : « C’est évidemment impossible de savoir comment traiter ces eaux si on ne connaît pas ce qu’il y a dedans, d’autant plus que IBV n’a pas respecté certaines fréquences d’analyse. Pour remédier à cela, et compte tenu de la pression exercée sur le ruisseau de Hermanmont par les activités de la zone d’activités économiques, le Collège communal veut imposer à IBV la réalisation, dans un délai de 1 an, d’une étude complète de caractérisation des effluents aqueux de son site.

Les conclusions de cette étude devront porter sur la mise en place de moyens de traitements des eaux (que ce soit par décantation, traitement du pH, traitement physico-chimique) permettant de respecter les normes.» Il signale que cette étude et les analyses d’eau futures devront être communiquées au Collège communal. »

En ce qui concerne les rejets atmosphériques et les poussières, Thibault Willem précise que la nouvelle unité au sein de l’extension sera équipée des meilleures techniques disponibles. Pour la partie du site déjà en activité, l’étude d’incidences ne prévoit pas de telles mises aux normes, alors que les deux unités consommeront les mêmes déchets de bois non dangereux.

« Cela ne va évidemment pas, souligne le premier échevin, si le combustible est le même, les méthodes d’épuration doivent être les mêmes ! Nous imposerons que les unités de cogénération (ancienne et nouvelle) soient équipées des meilleures techniques disponibles sur le marché en termes d’épuration des fumées, avec l’installation de filtres à manches performants notamment.

Les nouvelles normes d’émissions, communiquées par l’AWAC (Agence Wallonne Air Climat) sont par ailleurs beaucoup plus restrictives avec des réductions de valeurs limites d’émission de 20 à 80 % selon les polluants.

En plus de cela, le Collège communal veut imposer la mise en place sur chaque installation d’une baie d’analyses des effluents gazeux pour les poussières, le monoxyde et le dioxyde de carbone, les dérivés soufrés, chlorés et fluorés, le carbone organique total ou encore l’ammoniac.

Pour les polluants dont une analyse en continu n’est techniquement pas possible (métaux lourds, dioxines et furanes), une analyse trimestrielle devra être réalisée. »

Thibault Willem précise encore que les rapports, qu’ils soient journaliers ou trimestriels, devront être mis à la disposition du Collège communal pour contrôle. Il ajoute pour ce point, qu’une réduction des valeurs limites d’émission pour les séchoirs de la pelletisation (actuels et futurs) est également sollicitée par le Collège.

Il indique également que l’étude d’incidences a pris en considération des normes trop laxistes en matière de nuisances sonores et ne va donc pas assez loin dans ces recommandations : « Il faut respecter les nouvelles normes de bruit, de jour comme de nuit. Nous demanderons que le bruit soit inférieur de 5 décibels par rapport au seuil maximal actuel, et ce afin d’appliquer les nouvelles normes en vigueur. Il faut savoir que pour 3 décibels en moins, on réduit de moitié l’intensité sonore à la source.

Étant donné que les normes actuelles avaient été établies en 2000, cette demande de permis unique permet de revoir les impositions à la hausse, chose qui n’était pas possible vu les accords de 2000.

IBV devra consentir à des investissements importants pour y arriver. Nous exigerons aussi des contrôles suite à la réalisation de ces travaux pour vérifier le respect des normes. »

Le premier échevin ajoute que la problématique du bruit de la zone d’activités économiques, se gère de manière globale et que pour ce faire, les normes d’émissions de chaque entreprise doivent être équivalentes, pour qu’au final les mesures mises en place soient efficaces.

Il précise encore : « Ce permis va donc permettre d’uniformiser les normes de bruit entre Spanolux-Unilin et IBV, afin que les investissements consentis ou à consentir soient efficaces au bénéfice des proches riverains. Actuellement, il y a toujours une différence de 5dB entre les deux entités, ce qui est compliqué à gérer, mais surtout qui ne permet pas des avancées concrètes pour atténuer les nuisances sonores. Grâce à ce permis, nous pourrons enfin avancer. »

En ce qui concerne la pollution lumineuse, il est aussi question d’équiper progressivement en LED les mâts qui illuminent les différentes plateformes, et de les faire équiper de dispositifs de réduction de pollution lumineuse.

Thibault Willem termine son intervention en expliquant à nouveau quelques recommandations comme :

- le passage régulier d’un agent constatateur communal sur le site d’IBV pour vérifier la nature des déchets de bois non dangereux présents sur site et consulter les registres d’entrées et de sorties ;

- la non-imperméabilisation des parkings à créer pour les véhicules légers, afin de favoriser une infiltration directe des eaux de pluie pour ces endroits ;

- le strict respect des impositions émanant du préventionniste de la zone de secours, pour les installations actuelles et futures ;

- la mise en place de bornes de recharge électriques pour vélos et pour voitures pour le personnel sur les parkings en question.

« Quoi de plus normal pour un producteur d’électricité verte que de vendre cette électricité directement à l’utilisateur, pour contribuer au développement de ce mode de déplacement », souligne enfin Thibault Willem.

Il conclut enfin en rappelant l’ambition du Collège communal d’équiper les voiries régionales RN89 et RN675 de plusieurs radars répressifs afin de limiter la vitesse des usages lourds et légers sur ces portions.

Élie Deblire reprend la parole : « Merci pour le sérieux de cette analyse. Vous le voyez, le Collège ne ménage pas ses efforts. On doit encore finaliser notre avis et négocier nos conditions avec le fonctionnaire technique de la Région wallonne.

Seuls le respect et l’imposition de ces 26 recommandations supplémentaires dans le permis par les fonctionnaires de la Région Wallonne justifieront la position favorable du Collège dans ce dossier.

La population peut ainsi bien comprendre qu'on prend les choses au sérieux, en prenant en compte les nuisances actuelles et en anticipant celles de demain, pour les maîtriser au jour le jour. Le permis tel qu’octroyé en 2000 ne le permettait pas ! »

Intervention d’Anne Klein

C’est au tour d’Anne Klein de prendre position : « Vous savez sans doute qu’à titre personnel, j’ai adressé un courrier dans le cadre de l’enquête publique, exprimant un avis défavorable.

Pour une série de raisons invoquées ce soir, mais principalement en raison de l’impact réel et futur de l’octroi du permis sur la ressource eau pour tout un bassin de vie.

Il est clair que ce zoning aurait dû être implanté près des grands axes routiers. On peut remercier nos prédécesseurs… Il ne faut évidemment pas oublier que le zoning est un gros pourvoyeur d’emplois. Il faut considérer cela comme une chance. »

Anne Klein insiste sur la compatibilité entre le développement économique et la préservation de l’environnement : « Ce n’est pas l’un ou l’autre, c’est l’un et l’autre ! Loin d’un environnementalisme radical ou d’un capitalisme sans foi ni loi.

En tant qu’élus communaux, nous sommes les gardiens de la qualité de vie de la population, dès lors je pense que nous devons contraindre l’entreprise demandeuse à la mise en place d’un programme d’actions responsables qui l’oblige à réduire impérativement les nuisances actuelles sur son environnement, les amener à un seuil acceptable pour la population avant d’envisager tout développement majeur de ses activités. »

Intervention de Jacques Gennen

Jacques Gennen poursuit le débat : « Pour moi, c’est non à cette extension !

Bien entendu, j’assume les décisions concernant le zoning auxquelles j’ai participé depuis 25 ans avant, pendant et après mon mandat de bourgmestre.

Il faut rappeler qu’au départ, personne ne voulait d’un tel zoning à cet endroit, mais on se réjouissait tous, à l’époque, de pouvoir y accueillir de petites entreprises de la filière bois.

Le développement capitaliste a conduit les petites unités de scierie de faillite en faillite vers des entreprises toujours plus grandes et puis il y a eu l’installation de Spanolux. On a été pris dans un engrenage.

En tant que bourgmestre, j’ai d’ailleurs dû me battre contre certaines entreprises et Idelux pour que des mesures protectrices minimales soient prises au bénéfice des citoyens.

Chacun sait que j’étais favorable à la dernière extension, il y a quelques années. Mais aujourd’hui, ce n’est plus possible.

Durant la campagne pour les élections communales, les citoyens nous ont fait part de leurs difficultés et de leurs critiques, notamment vis-à-vis du charroi et des nuisances. Alors, ce qui relève de l’objectif ou du subjectif quant à leur appréciation, je n’en ai rien à cirer. Il y a juste ce que j’ai entendu.

J’ai lu, évidemment, les avis des membres de la CCATM, pas toujours favorables au projet, d’ailleurs. J’ai lu également les recommandations du dossier de l’étude d’incidences et il y est fait état par rapport à la situation actuelle de mesures qui auraient dû être prises et qui ne l’ont pas été !

Je ne peux plus faire confiance, malgré la belle plaidoirie du bourgmestre et l’analyse technique de l’échevin des Travaux. Trop, c'est trop ! On n’en peut plus ! »

Élie Deblire : « Nous avons vécu la même campagne. Nous avons, nous aussi, été à l’écoute des gens. La population sait que nous sommes favorables à l’extension. Je m’engage à ne pas étendre davantage le zoning, la zone d’activité.

Les permis précédents n’étaient pas assez exigeants au niveau du respect des normes. IBV ne pourra plus demain gérer les choses comme elle le fait aujourd’hui. Et on ne veut pas casser l’outil ! »

Intervention de François Rion

Cette dernière affirmation fait bondir François Rion : « Mais personne ne veut casser l’outil ! Le renouvellement du permis d’exploitation des activités actuelles d’IBV ne nous pose pas problème si la Région wallonne suit les recommandations du collège !

C’est l’extension et la régularisation, c’est-à-dire le fait de brûler des déchets, qui posent problème ! »

François Rion poursuit: « Maintenant que votre avis, et manifestement celui de tout le Collège, est clair, voici mes remarques. Nous avons commencé une mobilisation dans l’optique d’une discussion, d’un échange, mais je comprends que le fait que la minorité se présente à la population pour recueillir son avis vous dérange.

Vos recommandations doivent évidemment être appliquées à l’activité actuelle, c’est évident. Pour le reste, en ce qui concerne l’eau, le fait de se raccorder au barrage de la Gileppe, c’est reconnaître que le zoning a été implanté au mauvais endroit.

Au niveau routier, ça ne convient pas, tout le monde le reconnaît maintenant. En matière d’approvisionnement en eau non plus, quand va-t-on le reconnaître ? Pourtant, on continue à s’obstiner.

C’est fou de laisser des entreprises aussi gourmandes s’installer et se développer. Alors, c’est vrai, on entend bien vos mots : « vigilance », « drastique », « draconien ». Mais vos conditions draconiennes, ce sont des mots qu'on entend depuis vingt ans.

Quand j’entends Jacques Gennen dire qu’il n’a plus confiance, il a bien raison ! Et comme il le dit, on n’en peut plus, on étouffe…

En fait, votre réponse est mécanique. Vous êtes comme une locomotive qui file sur ses rails sans voir les aiguillages. Ce qui n’est pas mécanique, ce qui est humain par contre, c'est ce que disent les gens.

On n'en peut plus, c’est trop, ça suffit, on étouffe, on suffoque…

Quant à l'emploi, on ne tombera jamais d'accord. Je rappelle simplement que le taux d’emploi de la Commune de Vielsalm est en dessous de presque toutes les communes de la région.

Alors, la valorisation de l’emploi, je ne sais pas qui en profite, mais ce ne sont certainement pas les Salmiens. Défendre la filière bois, oui, je suis d’accord.

Mais faut-il scier trois mille mètres cubes par jour de bois qui vient de Dieu sait où et qui s’en repart Dieu sait où? Il y a peu, quelqu’un m’a demandé de proposer une formule saine de zoning. Elle existait cette formule, quand sur ce zoning, des entreprises locales transformaient des bois locaux, abattus dans le Grand Bois, ou à Malmedy, ou à La Roche et quand bien même à Neufchâteau.

Mais les visions de développement mégalo ont brisé cette économie intégrée.

Tout ce que vous proposez aujourd’hui, Les vérifications, les contrôles et conditions, on les attend depuis 20 ans et ça ne marche pas. D'où le ressenti des gens.

Vous avez la même analyse depuis vingt ans. Moi aussi, vous me direz, sauf que j’ai raison !

Il faudrait aussi apprendre le bon ordre des choses à IBV : d’abord on demande des permis, ensuite on les obtient puis seulement on les met en œuvre. »

Élie Deblire : « Notre objectif est de rassurer les gens. Le raccordement est nécessaire car même la consommation de la population augmente.

Concernant l’emploi, nous sommes un pôle d’emplois et nous attirons une population voisine. Il y a chez IBV cinquante-cinq personnes issues de la commune de Vielsalm et quatre-vingts qui proviennent de communes limitrophes. Nous pouvons en être fiers.

Nous avons beaucoup de logements sociaux et une population fragilisée et donc difficile à remettre au travail. Il faut permettre notamment à l’ADL de développer de nouvelles formations.

Il faut aussi aider les demandeurs d’emploi, en organisant des salons de l’emploi et en leur proposant des formations qui leur permettront d’accéder à un travail.

Et il ne faut pas oublier l’aspect production énergétique. La cogénération produit une électricité importante qui est injectée sur le réseau. »

Il est également fait état, à ce stade des échanges, de bornes de recharge pour véhicules électriques qui devraient être installées sur le site.

François Rion : « La problématique de l’eau est accentuée par la destruction d’un gros captage en 2004 et la porte ouverte à toujours plus de pompages. »

Élie Deblire : « Je ne suis pas responsable de la destruction d’un captage et, je vous l’ai dit, la consommation de la population augmente aussi. »

François Rion : « Alors il faut mettre en oeuvre des mesures communales comme les citernes à eau de pluie. »

Intervention de Joseph Remacle

Joseph Remacle clôt le débat : « La discussion a été riche en arguments. Si on en fait la synthèse, je pense qu’on n’est pas trop loin de la vérité, si tant est qu'il y en ait une.

Je rappelle que l’avis du conseil communal est officieux : il ne vaut rien légalement et le Collège en fera ce qu'il veut (approbation dans les deux rangs de la minorité NDLR).

Techniquement, toutes les recommandations formulées par Thibault sont très importantes. Il faut souligner l’importance du travail d’analyse pointue de l’étude d’incidences menée par Thibault. Quelque part, c’est une chance pour nous que ce type de dossier relève et de la formation et de la profession actuelle de Thibault.

Encore faut-il que ces recommandations soient suivies par le fonctionnaire technique de la Région wallonne. Deux ministres au moins Willy Borsus et Philippe Henry, devront également se pencher sur ce dossier !

Évidemment, dans ce genre de démarches, il y a toujours une double lecture. D’une part évidemment les nuisances à combattre par l’imposition de mesures les plus adéquates possible. D’autre part, les projets de l’entreprise. Chacun est dans son rôle.

Le groupe Écolo, soutenu par le groupe « éco-socialiste », dans sa campagne de mobilisation et ses réactions. L’entreprise dans sa volonté de poursuivre et d’étendre ses activités. »

S’adressant plus particulièrement à François Rion, Joseph Remacle poursuit : « Je déplore néanmoins qu’à chaque événement et depuis très longtemps déjà, le zoning soit devenu votre fonds de commerce et que vous saisissiez toujours l’occasion pour dire tout le mal que vous pensez du bourgmestre et d’Idelux.

Je suis embêté par rapport à votre motion. Des éléments sont intéressants, mais il y aussi l’intervention très intéressante de Thibault. »

Et Joseph Remacle de conclure : « Effectivement, nous sommes fatigués, tous les riverains du zoning le sont, et j’aurais préféré que le Collège annonce sa volonté d’émettre un avis défavorable en précisant que si toutes les recommandations devaient être respectées, il changerait alors son fusil d’épaule.

Je suis donc purement dans le cas d’espèce d’une abstention et je m’abstiendrai donc sur la motion telle que présentée. »

Au vote, la motion est approuvée par les groupes Écolo et Comm’Vous. En ce qui concerne la majorité, c’est un vote négatif, sauf pour Joseph Remacle et Anne Klein qui s’abstiennent.