Au conseil communal du 18 octobre 2021, débat sur les éoliennes !

(Jérôme Derochette et Jacques Gennen)

Éoliennes à Petit-Thier : un dossier animé par des vents contraires

Le bourgmestre Élie Deblire rappelle les enjeux de ce dossier que l’on sait particulièrement sensible : « En séance du 14 décembre 2020, nous avons voté le principe de concéder un droit de superficie sur une parcelle communale proche de Mont-le-Soie afin d’y installer des éoliennes. Ce droit de superficie serait concédé par acte notarié à un promoteur qui pourrait être désigné par la suite, à ses frais exclusifs. Je rappelle le vote : treize voix pour, deux voix contre et une abstention, étant entendu qu’il y avait trois mandataires absents. 

A la suite de cette décision, le Collège a voulu, avec l’accord de toutes les parties, désigner un bureau pour nous accompagner. Nous avons lancé un petit marché et c’est l’APERe (association pour la promotion des énergies renouvelables) qui l’a remporté. Cette association a mis à notre disposition Madame D’Hernoncourt qui nous a accompagnés dans ce processus qui nous amène à vous présenter une proposition. 

Sur base de la publicité faite, il y a quatre promoteurs qui ont marqué leur intérêt. Au niveau du conseil communal, nous avions constitué un groupe de travail représentant toutes les tendances. Ce groupe a reçu les quatre promoteurs : ils ont été entendus pendant 30 minutes et nous avons eu le loisir de poser une série de questions. Cela s’est bien passé. Madame D’Hernoncourt était accompagnée d’une fonctionnaire de la Région wallonne qui était là pour vérifier si les débats se déroulaient correctement. Sur base de cela, Madame D’Hernoncourt a dressé une série de critères qui ont été évalués par le groupe de travail. Nous nous sommes revus dernièrement pour le document de travail qui va vous être présenté. » 

Le bourgmestre cède la parole à Madame D’Hernoncourt. 

(Madame D'Hernoncourt entre le bourgmestre et le premier échevin) 

Johanna D’Hernoncourt : « Je ne souhaite pas m’attarder sur l’historique qui a été très bien résumé par Monsieur Deblire. Je rappelle que quatre promoteurs ont manifesté leur intérêt : le consortium Luminus – Windvision - Courant d’Air (Windvision ayant repris la société Vortex qui avait réalisé une réunion d’information en août 2020), Wattelse, Aspiravi et WPD. 

Je tiens à préciser que L’APERe est une association indépendante de tout pouvoir privé et qui est financée par des fonds publics régionaux et européens. Elle rappelle qu’un comité de suivi a été constitué. »

Elle présente 12 critères qui ont servi de base à l’évaluation des offres reçues. Citons, parmi eux :

- la sélection qualitative (le développeur démontre une compétence technique et financière suffisante pour porter le projet);

- l’indemnisation (le promoteur offre un dédommagement des zones impactées par l’implantation des éoliennes);

- la participation directe de la Commune, la gestion du parc (le promoteur établit un plan global d’exploitation ainsi qu’un cadre financier pour sa gestion et son exploitation);

- la participation citoyenne (qui donne la possibilité aux citoyens d’injecter du capital dans le parc pour être copropriétaires);

- la communication (le promoteur démontre une capacité à argumenter, à convaincre et à vulgariser le sujet auprès de la Commune et de ses citoyens) ou encore les actions complémentaires (le développeur propose des actions pédagogiques, environnementales, sociales, etc.). 

Une pondération a été attribuée à chaque critère pour un montant de 150 points.

Madame D’Hernoncourt précise que la définition des critères s’est tenue préalablement à la rencontre avec les différents promoteurs. Cela a permis de retenir ce qui était important aux yeux des membres du comité de suivi. Elle précise que certains des critères n’ont pas été remplis de façon spontanée par les développeurs.

Chaque membre du comité de suivi a exprimé ses points positifs et négatifs, puis a posé un choix vis-à-vis de la grille d’évaluation. Madame d’Hernoncourt a fait sa propre évaluation. De tout cela découle un choix final qui s’est porté sur le consortium Luminus – Windvision - Courant d’Air qui a totalisé 135 points (contre 125 pour Wattelse, 83 pour Aspiravi et 76 pour WPD). 

Johanna D’Hernoncourt commente : « Je ne suis pas là pour défendre tel ou tel promoteur mais je suis là pour défendre un choix. Je suis juste là pour amener un avis technique et une structuration de la décision. »

Mais qu’est-ce qui justifie le choix du consortium Luminus – Windvision - Courant d’Air ?

L’experte détaille les motivations du groupe de suivi. Tout d’abord, il s’agit du projet le plus cohérent en termes d’aménagement du territoire et au niveau énergétique. C’est un projet de quatre éoliennes sur les parcelles communales, mais qui dispose d’une maîtrise foncière des terrains avoisinants qui assure une configuration optimale pour le parc puisque 6 à 8 turbines pourront être installées sur 13 emplacements possibles.

Johanna D’Hernoncourt ajoute : « C’est la première fois que je vois ce type de pré-étude avoir lieu sur le terrain. Trois configurations différentes sont étudiées. Il n’y a pas de possibilité pour des extensions ultérieures au vu de la considération de l’ensemble de la zone. »

En outre, selon l’experte, il s’agit d’un projet bien étudié sur le plan technique. Il semble en effet plus raisonnable de ne pas implanter plus de quatre turbines sur les parcelles communales. L’intégration de la participation citoyenne est également possible via la coopérative Courant d’Air : 33 % du capital du parc peuvent lui être dédiés.

Selon Madame D’Hernoncourt, la transparence et la communication ont également été ressenties comme exemplaires, tant au niveau de la présentation que du dossier technique. 

Enfin, ajoute-t-elle, la rémunération pour la Commune est particulièrement bonne (même si, de ce point de vue, il ne s’agit pas de l’offre la plus avantageuse) : elle s’établit à environ 300.000 euros par an. À cela s’ajoute la garantie de 100.000 euros par an et par éolienne en indemnités et un budget de 600.000 euros pour les activités complémentaires, parmi lesquelles des animations pédagogiques, un parcours didactique autour des éoliennes, des bornes de recharge pour les vélos électriques, un appel à projets citoyen pour un montant de 10.000 euros, etc. 

Le débat

La présentation cède sa place à un débat qui, vous allez le voir, a été particulièrement riche en interventions. Nous remercions évidemment Joseph Remacle et Anne Klein de nous avoir fait parvenir le texte de leur longue intervention. Cela facilite la rédaction du compte rendu !

Intervention de Joseph Remacle

Joseph Remacle lance le débat : « Monsieur le Bourgmestre, chers collègues du Collège et du Conseil, Mesdames, Messieurs, je souhaite m’exprimer aujourd’hui en tant que mandataire de Petit-Thier, village impliqué en première ligne. Je vais m’en tenir au texte que j’ai composé. Afin qu’après cette séance, on ne se demande pas si j’ai bien dit ce que j’ai dit.

Par rapport à l’agitation autour de ce dossier, mais aussi à son importance, à sa complexité, à son caractère délicat et même épineux, pour toutes les parties, après réflexion, deux mots s’imposent à moi : respect et courage.

Respect de toutes les prises de position, pas les gesticulations, de toutes les personnes, des citoyens, bien sûr, mais aussi des élus et des promoteurs.

Avant tout, rappeler le déroulement des événements et opérations. 

Contrairement à ce qui peut se lire ou s’entendre, ce n’est bien entendu pas la Commune et encore moins le Bourgmestre ou le Collège qui ont sollicité les promoteurs éoliens. Après quelques tentatives, le législateur wallon n’est toujours pas parvenu à réglementer réellement les implantations d’éoliennes. Ce sont donc les promoteurs qui prospectent, tant auprès des propriétaires privés que des pouvoirs publics. Souvent de manière souterraine. Ce n’est pas le cas chez nous, forcément, pour la partie publique. Faut-il aussi rappeler la pré réunion d’information tenue à Petit-Thier qui exposait les premières intentions d’un unique promoteur à l’époque ? 

Pas de secret donc. Il n’y a pas d’informations disponibles pour une éventuelle partie privée et aucun moyen pour personne d’en imposer l’obtention. On peut le regretter, mais c’est un fait. Par ailleurs, il ne faut pas être grand devin pour affirmer que des contacts ont été pris avec des propriétaires privés, voisins des terrains communaux.

Au mois de décembre dernier, notre Conseil a décidé du principe de mettre des terrains à disposition si, si et encore si… Juste une porte ouverte au cas où le dossier viendrait à progresser. Elle aurait été fermée que tout simplement la Commune perdait toute maîtrise sur l’évolution du dossier sur les territoires voisins, privés ou publics autres que communaux. En même temps que tout espoir de contrepartie.

Aujourd’hui, après une procédure qu’on peut qualifier de sérieuse, il s’agit d’accorder une promesse d’officialiser un droit de superficie sur des parcelles à préciser, selon des modalités en tous genres à préciser aussi, s’il devait apparaître que les fonctionnaires et le Gouvernement wallons accordent un permis pour cette édification, à un groupement de trois promoteurs.

Après cette étape du jour, le consortium retenu, qui comprend une coopérative qu’on peut qualifier de réellement citoyenne, va poursuivre ses études, organiser une réunion d’information préalable et financer une étude d’incidences complète, tenant compte de tous les intervenants, de toutes les interventions. La population aura l’occasion de redire officiellement ses positions, de faire acter ses griefs ou son soutien. Ce n’est qu’après toutes ces étapes qu’il y aura ou non, des éoliennes… sur les terrains communaux. N’en déplaise aux plus pressés, nous sommes partis, comme en beaucoup d’autres endroits, pour plusieurs années.

Rappeler aussi, si nécessaire, que je suis né à Petit-Thier, que j’y habite par choix depuis toujours, que ma famille et moi-même y avons nos maisons et quelques petites propriétés immobilières. J’aime mon village et je ne lui veux que du bien.

La situation est difficile à vivre. Parmi les opposants se trouvent de nombreux amis, des connaissances avec qui je vis depuis de nombreuses années. Je ne doute pas de leur sincérité et je respecte leurs convictions basées sur des arguments dont on peut discuter à l’infini. Je peux comprendre leur opposition et ils peuvent comprendre ma position actuelle de respect strict des différentes étapes. »

(Saint-Vith: première éolienne wallonne en 1998)

Joseph Remacle n’en reste pas là et critique certains opposants : « Il se trouve aussi d’autres personnes dont les mobiles et motifs sont beaucoup moins nobles, dans le village ou ailleurs, élues ou non. Elles politisent le dossier pour tenter de tailler des croupières au bourgmestre d’abord, à la majorité ensuite. Avec, trop souvent, des abus et parfois des injures.

Je me permets de rappeler le nécessaire respect, bien sûr dans les deux sens… Respect de l’expression citoyenne et des élus. Le courage est aussi nécessaire ! Le plus facile pour un mandataire, c’est de hurler avec les loups, de caresser dans le sens du poil ceux qui s’expriment de manière visible. »

Il poursuit son intervention : « Depuis 2008 pour ce qui concerne la majorité actuelle, plusieurs projets éoliens sont venus sur la table. Ils ont à chaque fois provoqué des réactions qui les ont anéantis. D’une part, à un moment donné, comme cela a été dit dans cette enceinte à propos d’un autre projet énergétique, il faut savoir changer de position, de paradigme disent les plus lettrés, tout en assumant le passé.

D’autre part, depuis 2008, le monde a bien changé. Le monde, l’Europe, la Belgique, la Région wallonne, notre commune, ont pris conscience des exigences de la durabilité, de la dégradation de plus en plus claire du climat, de l’essor nécessaire et inévitable des énergies renouvelables. Alors que le monde craque de toutes parts, nous resterions bien à l’abri, dans notre petit paradis, sans aucune concession ? 

Chacun sait que l’éolien ne constitue pas LA solution, la plus adéquate, la plus merveilleuse et sans aucune conséquence. Mais il contribue à cette solution. Et de manière réversible. Qu’est-ce que 20 ans à l’échelle de l’Histoire ? Si de meilleures technologies devaient advenir, les éoliennes disparaîtraient sans laisser de traces. Au contraire d’autres formes de production d’énergie. Ne changeons rien à rien ! Continuons à consommer à tout va, et bientôt à rouler tous grâce à l’électricité, et les choses s’arrangeront d’elles-mêmes, sans doute. Ce n’est guère crédible. N’est-ce pas plutôt refiler la patate, très chaude, aux suivants ? 

Bref, je ne souhaite pas transformer cette assemblée en café du commerce. Mais il faut un peu de courage, aux uns pour accepter d’être un peu dérangés dans leur cadre de vie et leurs habitudes, aux autres, représentants de la population, pour mener un dossier dans les règles, jusqu’à son terme, de manière à ce que d’autres autorités puissent décider en toute connaissance de cause.

Quand nous roulons vers Poteau, nous apercevons des éoliennes sur le territoire de la Commune de Saint-Vith (et quand nous arrivons à Saint-Vith même par le contournement, nous voyons des éoliennes pulluler dans tout le paysage…).

Quand nous descendons de la Baraque de Fraiture, nous voyons au loin les éoliennes de la Commune de Lierneux, en zone forestière (je ne saurais trop vous engager à aller sur place, sous la ligne à haute tension particulièrement esthétique et sous les mâts des éoliennes). Sommes-nous réellement incapables de supporter quelques engins chez nous, fut-ce en forêt ? C’est la notion de prendre sa part. Une part modeste, certes. Mais, comme on dit chez nous, “les petits ruisseaux font les grandes rivières”.

Dans cette affaire, et sans préjuger de son issue finale, la majorité, peut-être suivie par d’autres, a le courage de remplir son devoir. Malgré tout. C’est son honneur. Dans la fidélité à son programme électoral : en faveur des énergies renouvelables, y compris en zone forestière. Aucune surprise donc.

Qu’aurait dit la population si la Commune avait enfoui la tête dans le sable en fermant son territoire, perdant toute maîtrise et laissant faire les entreprises derrière son dos, sur des terrains privés ou publics du nord du pays ?

Un pas sera franchi aujourd’hui. Il y aura de nombreux autres encore. Merci pour votre bonne attention. »

Intervention de Stéphanie Heyden

C’est au tour de Stéphanie Heyden, cheffe de file du groupe Comm’Vous, de prendre la parole : « Merci pour cette présentation claire. Vous avez rappelé l’enjeu climatique, l’enjeu énergétique. Nous sommes tous ici, dans cette salle, conscients qu’il faut agir, à tous les niveaux de pouvoirs. Je ne vais pas revenir sur ce fait.

Dans le cadre du point qui nous anime ce soir, à la suite de la réunion publique du 27 août 2020 à Petit-Thier, le conseil communal a été amené à voter sur le principe de concéder un droit de superficie sur des parcelles communales.

Notre groupe était partagé sur ce point. Un vote négatif et deux votes positifs (deux membres étant absents). Les votes positifs étaient notamment conditionnés sur un point en particulier, à savoir l’avis des citoyens. Je laisserai le soin à Jérôme de s’exprimer.

Par la suite, en mars 2021, notre groupe a été sollicité pour faire partie d’un groupe de travail ouvert aux mandataires politiques de la minorité et dont l’objectif était l’analyse des offres reçues dans le cadre de la mise à disposition de parcelles communales à Mont-le-Soie pour un éventuel projet éolien.

Au sein du groupe Comm’Vous, j’ai été désignée pour faire partie de ce groupe de travail ou comité de suivi, mais certainement pas comité de pilotage comme certains ont tenté de le nommer. La présentation par les promoteurs s’est déroulée le 17 juin dernier. Je ne vais pas rappeler tout le contexte, vous venez de le faire. 

Toujours est-il que j’ai ressenti à la fois un décalage entre la présentation du 27 août par la société Vortex et la présentation par les 4 promoteurs. Un décalage également ressenti entre les présentations des 4 promoteurs. Des avis divergents entre le nombre d’éoliennes. Une “rentabilité” différente. Je n’étais d’ailleurs pas moi-même sur la même longueur d’onde que la majorité des membres du groupe de travail sur le classement retenu à la suite de ces 4 présentations.  C’est à ce moment même que j’ai compris que mon rôle d’observateur s’arrêterait là. 

Entre la réunion du 17 juin et celle de ce 13 octobre, nous n’avons d’ailleurs reçu aucun suivi des contacts entrepris… Par ailleurs, certains membres de notre groupe se sont déjà exprimés sur le sujet “éolien”. Des avis divergent au sein de notre groupe, mais nous nous exprimerons cette fois de manière unanime pour exprimer un vote négatif. »

(Eolienne française de la fin du 19e siècle)

Intervention de Jérôme Derochette

Jérôme Derochette enchaîne : « Monsieur le Bourgmestre, en décembre dernier, nous étions trois, Stéphanie, Jacques et moi-même, à voter favorablement la décision de principe quant à la concession de ce droit de superficie. Ce vote était néanmoins conditionné par deux balises, parmi lesquelles l’avis de la population locale qu’on peut encore tenir en considération sans être populiste, électoraliste ou quoi que ce soit d’autre, comme cela vient d’être dit. 

En avril dernier, lorsqu’il était question du facilitateur éolien, je vous questionnais quant à vos intentions vis-à-vis de l’avis de la population. Dans votre réponse, vous précisiez que “ça ferait partie de votre analyse”. Je n’en doute pas, mais qu’en est-il ? » 

Jérôme Derochette fait ensuite allusion à la pétition transmise à la Commune : 

« Sauf erreur de ma part, il n’est fait aucune mention des riverains dans la délibération qui nous a été transmise. Chacun sait qu’une pétition a été lancée. Elle a rassemblé 389 signatures. Quel sens accordez-vous à ce signal ? De votre point de vue, s’agit-il d’une protestation suffisamment marginale que pour ne pas en tenir compte ? Je dois avouer qu’au travers de la délibération, c’est mon sentiment. Peut-être que je me fourvoie, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’aimerais avoir une réponse de votre part, mais j’ai l’impression que la population salmienne directement concernée par le dossier est vouée à la relégation. 

Alors, oui, il y a des réunions qui sont prévues ; forcément, on suit la procédure, mais, de nouveau, les réunions, c’est bien beau, mais pour quels résultats au final ? Quel sera le crédit accordé à la protestation d’un certain nombre de nos citoyens ? »

Jérôme Derochette poursuit son intervention en évoquant les implantations d’éoliennes en zone forestière : « Dans un registre différent, je voudrais également relever la Convention des Maires évoquée dans votre délibération. Il n’y a rien de bien surprenant, compte tenu de sa nature et de sa finalité, bien entendu. Pourtant, je me questionne…

“L’approche de la Convention des Maires” dont il est fait mention dans la délibération préconise-t-elle l’installation d’éoliennes dans des zones boisées ? De même, la réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 justifie-t-elle que l’on détruise des zones naturelles ?

Il y a une profonde incohérence dans la volonté de soutenir le développement durable au détriment de la préservation de nos forêts. J’ai finalement le sentiment que vous cherchez une caution morale, à travers cette convention, dans un dossier que vous savez branlant au-delà de ses intérêts financiers.

Alors, évidemment, j’entends déjà certains nous répondre, comme cela fut le cas lors de débats précédents sur ce dossier, que nos forêts sont immenses et qu’y implanter quelques éoliennes n’est pas un problème majeur. Sur le fond, on peut a priori tout à fait y souscrire. Il n’empêche que leur espace s’amenuise partout sur le globe, souvent pour des motifs contestables et précisément parce qu’on minimise l’impact de ces actions qui sont souvent présentées comme anodines au regard de l’immensité forestière, mais qui sont des actions qui en appellent d’autres, puis d’autres encore. Ce sont les petites rivières qui forment les grandes rivières, Monsieur Remacle l’a rappelé. C’est vrai pour le meilleur, mais c’est également vrai, malheureusement, pour le pire… 

Je le répète : j’ai le sentiment que vous cherchez une sorte de caution morale.  

Je vous pose donc la question : quels sont les intérêts qui priment dans ce dossier ? Une dernière précision qui me semble utile. À titre personnel, et je crois pouvoir dire que c’est aussi le cas d’un certain nombre de mes colistiers, je suis plutôt favorable à l’énergie éolienne. Sur le principe, c’est évidemment un concept auquel on ne peut être que sensible dans le contexte actuel même si en pratique on peut émettre quand même un certain nombre de réserves notamment vis-à-vis de la façon dont tout ça est mis en place. J’y suis favorable, mais pas à n’importe quel prix et pas de n’importe quelle façon. »

Interventions de François Rion et Anne Wanet

(Sybille Maka, Jérôme Derochette, Anne Wanet, François Rion, Catherine Désert, Joseph Remacle et Anne Klein)

François Rion : « Je n’ai pas prévu une préparation très précise de mon intervention, mais il y a un public qui attend une justification que je vais donc donner tout de suite. Bien entendu, c’est une thématique qui est clivante partout ; même au sein de notre groupe, c’est extrêmement clivant. 

Il se fait quand même que je fais partie de ce qui était avant d’être un parti politique un groupe de militants qui ont dit il y a plus de quarante ans “on ne veut pas et on ne peut pas développer le nucléaire” ; cela a quand-même été fait. Un groupe qui a dit un peu plus tard, lorsqu’il est devenu un parti, “il faut très vite sortir des énergies fossiles parce que continuer sur ce système va nous amener dans un cul-de-sac”. On a par exemple signé à l’unanimité ici même il y a un peu plus d’un an une motion qui rejetait une proposition d’un possible dépôt de déchets nucléaires dans la région du massif géologique de Stavelot. 

Donc à un moment donné, qu’est-ce qu’on fait ? 

Peut-on continuer à user de toutes les facilités qui nous sont offertes par le simple fait de pousser sur un bouton électrique sans se soucier de la provenance de cette énergie facile ? Je rappelle bien entendu que la meilleure des énergies sera toujours l’énergie qui ne sera pas consommée, évidemment.

En attendant, les énergies renouvelables produisent quelque chose comme 20 % de notre consommation, en étant optimiste. Donc si on limitait aujourd’hui la production des énergies renouvelables, il faudrait diminuer notre consommation d’autant, ce qui s’avère nécessaire et possible, mais pas dès demain, ni l’année prochaine. Il faut donc absolument bouger. 

Évidemment, comme l’a fait remarquer Jérôme, peut-être que le bourgmestre cherche une caution en élargissant un groupe de travail aux membres de la minorité. Peut-être, oui, certainement même puisque nous faisons partie de la première commission mise sur pied en 15 ans, donc c’est évident qu’on va sans doute servir un petit peu d’alibi à la majorité. »

« On va se mouiller », souligne le chef de file écolo.

 « On nous demande de nous mouiller donc on se mouille et on explique quand même quelles sont les réflexions qui nous mènent maintenant, mais aussi, je vous le rappelle, depuis une quarantaine d’années. 

C’est évident aussi que tout le monde va tenir compte de la population. Personne n’a envie de se mettre les habitants de Petit-Thier, de Burtonville et de Ville-du-Bois sur le dos, quoique c’est déjà fait pour certains car il y a d’autres projets autrement plus catastrophiques qui sont en train de se développer. Il faudra suivre les avis, mais aussi mesurer et essayer de voir clairement par quelles structures sont aiguillonnés certains avis citoyens. 

C’est évident qu’il y a une ASBL dont les origines sont totalement inconnues qui aiguillonne tous les groupes citoyens lorsqu’il s’agit d’implanter des éoliennes. Je parle de cette structure qui s’appelle Vent de Raison et qui, par je ne sais quelle motivation, se rue comme un chien enragé sur tous les projets éoliens. Il faudra essayer un jour de comprendre les motivations de ce lobby.

Évidemment, à Petit-Thier et Burtonville, le trop, c’est trop. On se doute bien qu’après le zoning monstrueux, un premier projet de cogénération puis un second, la coupe est pleine, mais j’essaie de faire la part des choses : les deux cogénérations sont une hérésie, mais les projets éoliens, ma foi, sont dans l’air du temps. » 

François Rion évoque également l’implantation des éoliennes en forêt : « Le hic, c’est certain, c’est que c’est une implantation en forêt. C’est moins simple, ça ne nous facilite pas la vie, c’est évident. Mais je souligne quand même qu’on en est réduit à reculer les éoliennes dans les forêts car elles ont été refusées partout ailleurs.

On en est au cinquième ou sixième projet sur la Commune de Vielsalm. Le dernier en date, c’était sur le site « Les Longs Sarts ». On y a refusé les éoliennes parce que ça n’allait pas être beau, parce que ça allait faire du bruit, mais on parle maintenant d’y faire un circuit de motocross. Certaines motivations citoyennes m’échappent parfois un peu. 

Je tiens encore une fois – et ce ne sera pas la dernière – à rappeler que tous les partis se sont ligués contre le ministre écolo qui a essayé de proposer une carte éolienne en 2012 sur laquelle les forêts salmiennes n’étaient pas susceptibles de recevoir des éoliennes. Tous les autres partis l’ont saboté à l’époque. On retombe en effet dans un système d’anarchie car on l’a bien voulu ainsi. Il n’y a toujours pas de contrôle gouvernemental et c’est un problème. 

On est en plus contraints d’aller très vite car tous les partis ont désormais décidé de sortir du nucléaire. Je dis bien tous les partis. Il faut absolument bouger. Ici, on a une possibilité d’explorer s’il est possible, s’il est raisonnable d’implanter ces éoliennes là où elles sont prévues. Catherine et moi, nous avons décidé d’appuyer ce choix qui nous semble être le meilleur, ou le moins mauvais en tous cas. Il y aura toute une série d’études plus précises qui détermineront si c’est raisonnable d’implanter des éoliennes en zone forestière. On verra bien !

Je signale quand même que les écologistes en politique se heurtent dans un thème comme celui-ci à leurs alliés traditionnels environnementalistes comme Natagora, mais il faut avancer. Si on ne se bouge pas très vite, on va au-devant de catastrophes énergétiques. Il faut avancer dans le projet et regarder où il nous conduira, et l’arrêter si nécessaire. »

Anne Wanet n'est pas même du même avis que François Rion! 

Anne Wanet : « Je suis absolument contre tout projet en forêt. Ce n’est pas lié à ce projet-ci qui a l’air bien ficelé. Le problème du réchauffement climatique peut être résolu par les forêts. Bétonner une partie n’est pas la solution – je ne dis pas que je l’ai, d’ailleurs. Je ne comprends pas comment elles ne sont pas plus protégées.

Quand on voit au niveau mondial la superficie énorme qui disparaît chaque année, c’est vraiment dommage de ne pas se battre à notre niveau contre les promoteurs. Ce sont les mots qui reviennent : promoteurs, machines, vite faire le projet avant qu’il ne parte dans le privé. Je crois que c’est plus une question d’argent que de production d’énergie. Je suis tout à fait contre. »

Intervention de Jacques Gennen, d'abord critique à l'égard de certains propos de Joseph Remacle

Jacques Gennen : « J’ai été un peu surpris par les propos de Joseph Remacle, plus exactement par certains propos car j’apprécie beaucoup sa sincérité. Mais ça me chipote quand il fait allusion au fait que des prises de position, y compris parmi les élus, pourraient uniquement être motivées dans le but de mettre en difficulté la majorité ou le bourgmestre. Nous n’en sommes pas là, évidemment ! On n’en est pas là du tout ! » 

Il poursuit : « Je vais d’abord partir de deux ou trois considérations générales avant de questionner Madame d’Hernoncourt que je remercie pour son exposé. D’abord, je suis pour l’énergie éolienne. Je partage à ce sujet l’avis de la ministre fédérale de l’énergie, Kim Van der Straeten, qui nous indique encore, pas plus tard qu’hier, que, sur la base d’une étude menée par le Bureau du Plan, les parcs éoliens en mer pourraient nous permettre d’atteindre la neutralité climatique en 2050. Ce n’est pas rien !

Je suis aussi plutôt partisan d’appliquer le code de l’aménagement du territoire dans toute sa rigueur et sans dérogation : de l’éolien le long des autoroutes et dans certains parcs d’activité économique – sauf à Burtonville, évidemment et pas en zone forestière. 

Ce qui me chipote aussi – et je le répète depuis des années en séance du conseil communal — quand nous parlons d’éolien, c’est ce fric que des sociétés privées se font avec l’argent public et avec l’argent des citoyens dont la facture d’électricité ne fera qu’augmenter. » 

« Nous aurons des mâts éoliens partout », souligne Jacques Gennen qui poursuit: « Ces préalables étant faits, je voudrais aussi dire que je ne pense pas qu’implanter des éoliennes à Petit-Thier soit une bonne solution parce qu’il y en a déjà autour de nous et qu’il y en aura encore plus dans les années à venir si d’autres communes ne mettent pas le holà. Il y a Lierneux, Gouvy dans le bois de la Ronce notamment, mais aussi Trois-Ponts car on peut penser que Luminus en implantera aussi sur leur territoire. 

On va être encombré de mâts éoliens dans une des plus belles régions du pays. Il ne faut pas aller trop loin. Bien entendu, je suis un peu triste de devoir combattre un projet qui va finalement aboutir à faire entrer dans les caisses communales pas mal d’argent : on en a besoin, c’est évident, pour soutenir d’autres projets de développement. Mais ça n’en vaut pas le prix. »

Jacques Gennen s’adresse ensuite à Madame D’Hernoncourt : « Maintenant, Madame, je reviens à votre présentation. Je la prends page par page. Alors évidemment nous avons un consortium de développeurs : Luminus, Windvision, Courant d’Air.

Vous avez dit que vous étiez vraiment indépendante et le bourgmestre l’a d’ailleurs souligné. Je le crois, mais il n’empêche que Courant d’Air est membre adhérent de l’ASBL Énergie Commune qui était anciennement l’APERe et dont vous êtes une des responsables. Je crois que cela, tout le monde doit le savoir. Il y a dans le petit monde de l’éolien des liens très étroits, y compris dans le secteur des coopératives.

Vous parlez d’un potentiel réaliste de 8 éoliennes, des éoliennes d’une hauteur de 220 à 230 mètres ; ce sont donc d’énormes éoliennes. On aurait pu se contenter d’éoliennes avec des mâts de 140 mètres, comme à Lierneux. Mais non, ici, on va encore plus haut et cela va encore prendre plus de place à tous les points de vue. 

Quant au droit de superficie, nous n’en sommes pas encore là puisqu’il y a une convention préalable à la conclusion de ce droit de superficie et que nous sommes invités à approuver ce soir. Je m’interroge quand même car je n’ai aucune précision quant à sa durée. On sait qu’il ne peut pas dépasser 50 ans. C’est peut-être prématuré de poser la question, mais ça m’interpelle. 

Vous dites dans les critères que le promoteur doit proposer un système d’indemnisations pour les phases de construction, d’entretien et de démantèlement. Vous savez combien cela préoccupe aussi bien les privés que le public — et les communes en particulier — de savoir ce qui se passer dans 20 ou 25 ans.

Même si on dit que l’espérance de vie des éoliennes peut désormais être plus longue, que va-t-il se passer quand elles auront rendu l’âme ? Rien, dans votre tableau, ne peut permettre de répondre à cette question. Je suis sur ma réserve par rapport à ça ! Le dédommagement pour la chasse, c’est bien, mais ce n’est pas le plus important. »

Un vice de procédure ?

Jacques Gennen aborde également les aspects juridiques du dossier : « Je pense également qu’il y a un vice de procédure sur le plan juridique qui me paraît important à souligner. Le 14 décembre 2020, nous avons pris une décision. J’ai voté favorablement parce que je considérais qu’il ne fallait pas fermer la porte à un projet comme celui-là, mais au moins rester ouvert.

On a pris cette décision à la légère car c’était une sorte de mandat donné au Collège et on n’a même pas assorti notre décision de l’adoption d’un cahier des charges. C’est le Collège qui, de bonne foi, a lancé un petit appel d’offres qui se résume à quelques lignes. 

Et puis on a progressé dans la procédure. Il y a quatre firmes qui ont répondu chacune comme elle l’entendait et comme elle le pouvait sans trop savoir vers quoi elle se dirigeait en répondant à cet appel tout banal du Collège. 

Quand les offres ont été reçues, on a alors établi des critères d’évaluation de ces offres après en avoir pris connaissance. Les offres ont été reçues, puis des critères ont été établis. Ensuite, les promoteurs ont été reçus et nous avons ce soir l’évaluation. Moi, je dois bien vous dire qu’il y a quelque chose d’un peu tordu sur le plan juridique, pas dans votre esprit bien entendu, mais sur le plan juridique. 

Nous aurions dû, et je fais mon mea culpa pour ce qui me concerne, établir un véritable cahier des charges en conseil permettant aux différentes firmes d’y répondre dans la clarté et nous permettant ensuite d’évaluer les offres rentrées de manière indiscutable.

Madame D'Hernoncourt, vous avez dit vous-même que des firmes n’avaient pas répondu à tous les critères. Oui, forcément, elles ne les connaissaient pas. Il y a quelque chose qui ne va pas. Je me devais de le souligner. Je ne dis pas que j’ai raison, mais ça m’interpelle. »

Johanna D’Hernoncourt : « Je réponds aux différents éléments qui vous interpellent. Oui, effectivement, on ne se cache pas, au niveau de notre ASBL, d’être des défenseurs de l’énergie citoyenne. C’est notre côté militant.

Nous défendons l’énergie citoyenne et en retour, oui, des coopératives sont membres chez nous, mais être membre adhérent n’implique rien au niveau financier par rapport à Energie Commune. Vous vous faites l’avis que vous voulez, mais en ce qui me concerne je trouve que ça n’altère en rien l’objectivité de la démarche mise en place au niveau de la Commune de Vielsalm. 

En ce qui concerne la hauteur des éoliennes, c’est effectivement un critère technique. Au plus on va chercher le vent haut, au plus il est important, en termes énergétiques, et c’est donc intéressant.

Des éoliennes plus hautes sont effectivement plus visibles, mais au-delà d’une certaine hauteur, ce ne sont pas quelques mètres qui font faire la différence à l’œil nu : c’est quelque chose d’assez objectivable au niveau de la perception de l’œil humain. Au niveau du droit de superficie, le principe du vote de ce soir n’est pas de signer une convention de droit de superficie, mais bien de donner un mandat par rapport au fait qu’un notaire va rédiger cette convention. 

Que va-t-il se passer d’ici 20-25 ans ? Cela ne figure pas dans la présentation car l’ensemble des développeurs sont soumis aux mêmes conditions sectorielles qui imposent une caution pour chaque machine implantée sur le sol wallon. C’est une garantie en cas de faillite de la société. Le démantèlement est estimé à 13.000 euros : ils sont placés sur un compte bloqué à la Région wallonne. Il y a une obligation de démanteler l’éolienne, d’enlever le socle en béton et de restituer le sol à son état initial. 

Quant à la procédure pour la définition des critères, je vous rejoins, ça aurait été idéal de d’abord définir les critères avant de recevoir les offres, mais, dans le processus qu’on a suivi, j’ai pleinement joué le jeu : je n’ai pas consulté les documents des développeurs avant la constitution des critères qui ont d’ailleurs été discutés en comité de suivi.

Je veux vider ici toute présomption que les critères et la pondération auraient été choisis en fonction des dossiers. Je proteste. Je pense par ailleurs que même si les critères n’ont pas été définis au préalable, la procédure a permis d’amener beaucoup d’éléments en termes d’analyse des dossiers. Quand je compare avec d’autres communes qui ont suivi la même dynamique, le choix de l’accompagnement dans cette commune fait toute la différence en termes d’objectivité dans le choix du développeur. » 

Jacques Gennen : « Pour le démantèlement, je connais les conditions sectorielles, mais je trouvais normal qu’elles soient soulignées ce soir, ne serait-ce que pour la bonne information des personnes qui suivent notre débat.

Pour ce qui est de la définition des critères, je ne vous fais pas le reproche de les avoir définis selon les dossiers. Je parle simplement des étapes de la procédure que je ne trouve pas normales et dont vous n’êtes pas responsable. Ce n’est pas seulement à vous que je m’adresse ! » 

Intervention d’Anne Klein

Anne Klein livre à son tour son avis : « Ma position est clairement favorable à ce projet. Je rappelle que ce projet est dans la ligne du programme de ce qu’on a promis aux électeurs : développer des solutions alternatives pour réduire les dépenses des ménages (logement, déplacement, énergie, services, etc.), promouvoir et viser des avancées significatives en matière d’énergies renouvelables, soutenir toute initiative de développement éolien, y compris en forêt. Dans un programme politique, on dit ce qu’on va faire et on le fait ! C’est un engagement politique. 

À l’argument “pas dans nos forêts, dans notre nature”, je tiens à rappeler que les projets éoliens ne sont pas autorisés dans des forêts de feuillus, uniquement dans des forêts de résineux et que la culture de l’épicéas, c’est une culture industrielle, on a planté ça en masse pour sa rentabilité économique, ça d’abord et avant tout, c’est pour le pognon, pas pour les petits oiseaux !

Donc, personnellement, je n’ai aucun état d’âme à sacrifier un tout tout petit bout de forêt qui est de toute façon vouée à disparaître, oui, elle est condamnée par le réchauffement climatique, voyez les dégâts occasionnés par la crise du scolyte. Ce n’est pas ce genre de forêts qui nous sauveront ! 

Et à propos du réchauffement climatique, nous avons tous vu tous ces jeunes qui vont marcher pour le climat, qui attendent des mesures fortes, des décisions, des avancées concrètes de leurs élus politiques. Ici, nous avons la possibilité avec ce projet de clairement “marquer le coup”, de nous inscrire dans cette transition écologique. Et puis ces éoliennes, c’est de la production locale !! Je sais bien qu’on nous bassine avec le local, le local, mais quand on voit que nos factures de gaz explosent, moi je suis convaincue qu’il faut reprendre la main sur notre production énergétique. 

Et si la plupart des gens dans cette salle ont les moyens d’assumer les augmentations des prix de l’énergie, ce n’est pas le cas de tout le monde, de tous les Salmiens. Or, on est là pour prendre des décisions dans l’intérêt de TOUS et pas que de l’habitant qui verra les éoliennes par sa fenêtre en trouvant ça pas joli, et pas que des citoyens aisés qui n’auront pas de difficulté à assumer la hausse des prix de l’énergie, et pas que de celui qui ne veut pas comprendre que ce projet, au travers des mesures compensatoires va amener plus de biodiversité qu’il n’y en aurait eu sans ça. 

Je veux encore dire un mot sur les retombées financières pour la Commune. Bien sûr, je pense que ça ne doit jamais être l’intérêt économique qui soit le moteur principal des prises de décisions dans une commune, mais ça doit faire partie de l’équation ! Dans le cadre de ce projet, parce que les éoliennes seront implantées sur des terrains communaux, nous aurons des retombées financières importantes. Doit-on cracher dans la soupe ? Cet argent, les citoyens seront bien contents de pouvoir en disposer si on doit faire face à des inondations par exemple, faire face à une nouvelle vague Covid, faire face à l’explosion du coût des énergies... 

Moi, je soutiens ce projet parce que gouverner c’est prévoir, c’est être lucide face aux enjeux du futur, c’est avoir une vision, une ligne de conduite et s’y tenir et c’est avoir le courage d’affronter les crispations et phénomènes Nimby. » 

François Rion rebondit : « Tant qu’à parler fric, l’exposé de Madame d’Hernoncourt est assez clair : le parc va ramener au minimum 300.000 euros par an à la Commune. Cet argent doit être consacré à des campagnes et des actions qui viseraient à diminuer la consommation. Il faut aussi aider les citoyens qui ont des habitations anciennes qu’il est très difficile et onéreux à isoler. Il faut absolument investir dans les économies d’énergie pour que ce parc soit finalement un des derniers. Il ne faut pas que cet argent serve à faire d’autres choses consommatrices d’énergie. J’attends une réponse favorable du Collège en la matière. »

Une dernière intervention du bourgmestre

Élie Deblire : « Je remercie chacun de nos intervenants pour la bonne tenue du débat de ce soir. Je vais répondre à l’une ou l’autre interpellation. Il est évident que nous sommes au début du processus. Quand on parle de l’avis des citoyens, il est clair qu’il compte.

Il faut permettre aux citoyens de s’informer correctement. Ce sera le cas une fois que la réunion d’information préalable se sera tenue, une fois qu’ils auront pris connaissance du rapport d’incidences environnementales qui devra évidemment tenir compte de tous les griefs qui ont été formulés et y répondre. Des délais importants et raisonnables seront consacrés à ça. On prendra connaissance du rapport et on pourra encore en débattre. 

Ce n’est pas aujourd’hui qu’on signe l’acte qui consacre un droit réel de superficie. Alors, pourquoi se lancer dans un tel projet ? Pour tenter que notre commune contribue au développement des énergies renouvelables. Nous devons apporter notre pierre à l’édifice. Qu’est-ce qui se cache derrière ça ? Forcément, la Convention des Maires. Nous étions une des premières communes à la signer. Ça s’inscrit évidemment dans la droite ligne de cette convention qui vise à lutter contre le réchauffement climatique et à réduire les gaz à effet de serre. Au travers de ce projet, on y contribue. 

Le fait évidemment de mettre ce projet à l’ordre du jour, c’est aussi une façon de tenter de prendre les devants puisque, nous le savons et cela a été rappelé, des contacts ont été pris par des promoteurs avec des propriétaires privés. Inscrivons-nous dans cette démarche et tentons d’accompagner nous-mêmes les projets. S’ils s’implantent sur d’autres terrains que des terrains communaux, nous n’aurons pas les mêmes marges de manœuvre. 

Il faut évidemment continuer à en débattre dans le respect des mandataires et des citoyens et avoir cette note de courage parce que ce n’est pas évident, on le sait bien. Il n’y a pas que des avantages. On le sait bien. Ce rapport d’incidences environnementales, nous en prendrons connaissance tous ensemble. Croyez bien que la bonne foi est de rigueur. 

En ce qui concerne le projet proposé, on est bien dans le principe de concéder un droit de superficie au consortium dont on vient de parler, Luminus – Windvision - Courant d’Air, de charger le notaire Pierre Cottin d’établir une convention conditionnée d’option pour l’établissement d’un ou de plusieurs droits de superficie, qui sera conditionnée à l’obligation pour l’opérateur de déposer sa demande de permis unique dans un délai de deux ans et de l’obtenir dans un délai de 7 ans. Le dossier reviendra au sein du conseil pour continuer cette transparence voulue depuis le début. » 

Au vote, qui porte sur une décision de principe de concéder un droit de superficie à titre onéreux sur des parcelles communales en vue d’y installer des éoliennes, au profit de l’opérateur dénommé Luminus – Windvision – SCRL FS « Courant d’Air » et de charger le notaire Pierre Cottin de la rédaction d’une convention d’option sous certaines conditions, on dénombre 7 votes négatifs (Nicolas Drehsen, Anne Wanet, Jacques Gennen, Stéphanie Heyden, Sybille Maka, André Boulangé et Jérôme Derochette). Tous les autres votes sont favorables. 

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